TRISTE RENTRÉE 2023

On le craignait depuis quelques années déjà… Cette rentrée 2023 sera à marquer d’une pierre noire puisqu’en raison de la faiblesse des effectifs, la classe de maternelle-CP a été fermée.

En effet, avec la présence de seulement 13 élèves annoncés pour l’école, l’inspection académique a décidé de la fermeture d’une des deux classes.

La baisse des effectifs est continue depuis 2013 et les perspectives ne sont guère encourageantes…

Si tous les enfants sont aujourd’hui accueillis à l’école de Ceillac, de la petite section au CM2, il n’y a plus qu’une seule classe qui compte donc 8 niveaux. On imagine la complexité de la gestion d’une telle classe avec la charge de travail afférente, une difficulté admise par le Directeur des Académique des Services de l’Éducation Nationale (DASEN, nouveau nom de l’inspecteur d’académie) il y a 3 ans lorsque l’école de Ceillac était déjà sur la sellette.

Une classe unique avec des enfants âgés entre 3 et 11 ans gérée par Julie avec l’aide d’Arlène.

C’est Julie Merlin, une professeur d’expérience, qui a pris en charge la classe unique depuis le 1er septembre, les enseignants précédents étant partis puisqu’ils bénéficiaient, suite à la fermeture, d’une priorité pour décrocher un poste plus proche de leur domicile. Arlène Buzet, assistante maternelle, est toujours présente et pourra prendre en charge les plus petits en suivant les prescriptions de l’enseignante.

EFFECTIFS

Cette baisse d’effectifs n’est pas spécifique à Ceillac et, plus largement, au Queyras. Elle concerne la plupart des communes rurales de montagne en France. On notera que le département perd bon an mal an plus d’une centaine d’enfants alors que les Bouches du Rhône en gagnent plusieurs centaines.

Les causes sont multiples et ont bien été identifiés par les enfants de l’école lors de leur participation au projet CORESTART en 2019/2020. Elles concernent notamment :

  • le travail dont la caractéristique première est la prédominance du travail saisonnier avec une bisaisonnalité, une caractéristique liée à la quasi monoactivité touristique de la vallée, les emplois les plus qualifiés se concentrant dans les métropoles ;
  • l’hébergement rare et cher (+30% depuis 2015 en France) avec des prix qui lors des dernières transactions locales flirtent avec les 5000 €/m² (400 €/m² pour le rare foncier disponible) ; un prix très élevé engendré par le fort déséquilibre entre les offres et les demandes, le ratio se situant entre 10 et 15. Cela interdit l’accès aux locaux ou aux extérieurs disposant d’un revenu moyen ; de fait, les résidents secondaires, déjà majoritaires, occupent une place largement prépondérante à Ceillac ;
  • le manque ou à l’absence de services ;

  • la vie sociale pour le moins réduite ;

  • l’éloignement, le climat et les risques liés au milieu montagnard ;

  • les évolutions sociétales comme l’allongement des études et les premiers enfants bien plus tardifs aujourd’hui (âge du premier enfant : 24 ans en 1974, 31 ans en 2022).

En somme, vivre à l’année dans un village comme Ceillac est devenu un choix difficile à atteindre.

Les conséquences sont une baisse et un vieillissement notable de la population permanente bien visibles sur la tableau ci-dessous. On note, par exemple, que si les 60-74 ans représentaient 12,8% de la population en 2008, ils représentent aujourd’hui 30,1% des Ceillaquins.

En novembre 2016, une convention ruralité avait été signée par la ministre de l’Éducation Nationale, le département et le président de l’association des maires des Hautes-Alpes. Elle garantissait, pour une période de 3 ans, le ratio nombre d’enseignants/nombre d’enfants avec la mise en place d’une réflexion pour optimiser le schéma scolaire, notamment par les projets de regroupements de petites écoles.

Cela s’est traduit, pour le haut Guil, par la fermeture de l’école de Château-Ville-Vieille dont les enfants sont accueillis à Aiguilles, un village où l’inspection académique verrait bien un regroupement Abriès, Aiguilles et Arvieux avec une possibilité d’accueillir les plus grands de Molines-St-Véran.

Ceillac, de par sa situation géographique et de son accès hivernal difficile, ne peut se regrouper avec les autres écoles du Queyras. La seule solution envisagée un temps par l’inspection était un regroupement avec l’école de Guillestre…

Article écrit par Michel C.
Brush