présentation DU PROJET SILLAGES

La compagnie MORBUS THEATRE nous présentera ce mercredi 6 septembre (19 h à la salle des fêtes) son projet SILLAGES qui devrait voir le jour fin 2024 et dont voici le pitch :

Qu’est-ce qui fait qu’un jour on se lève en se disant qu’on va sauter du haut d’une falaise dans le but de voler ?

Ce spectacle s’inspire d’un  exploit de la grimpeuse et base jumpeuse Steph Davis, référence incontournable de cette discipline. C’est un spectacle qui raconte une ascension et un saut, du point de vue de la sportive mais aussi du point de vue de la montagne et ce qui la compose (roche, ciel, corbeaux, insectes…).

Performance sportive, jeu corporel et marionnettique jouant des différentes échelles, et bruitages en direct servent à mettre en lumière les liens qui nous tissent aux éléments, à ce qui nous rend vivantes et vivants.

Le spectacle « SILLAGES »

Commande d’écriture à l’autrice Faustine Noguès

Conception, mise en scène : Guillaume Lecamus

Comédienne marionnettiste : Cristina Iosif /Candice Picaud

Comédienne danseuse : Cécilia Proteau

Créateur sonore : Thomas Carpentier


Création prévue pour le second semestre 2024

Partenaires : Théâtre la Halle Roublot,

Bénéficie d’une bourse de résidence de Bienvenue là-haut – ACSSQueyras

Durée envisagée : 45 minutes

(dossier du spectacle)

Note d’intention du metteur en scène Guillaume Lecamus

(Préambule)
Depuis de nombreuses années maintenant je marche. Je m’aventure à pied, en montagne, en solo, en autonomie complète sur des temps courants de 3 jours à quasi un mois. Il s’agit là d’un drôle de sport, si on peut encore appeler cette pratique un sport, qui consiste physiquement à marcher, porter, grimper, escalader parfois mais surtout qui consiste à vivre un milieu. Il s’agit de plonger dans quelque chose, un dehors qui est notre dedans. C’est assurément une expérience du temps, de dialogue avec les éléments.
Alors pour clore ce cycle de l’endurance et les mises en scène précédentes qui vont avec (54×13, Vestiaire, 2h32), j’avais envie cette fois de quitter les routes et les stades pour du hors piste, là où seuls les oiseaux regardent et mettre en avant ce qui nous supporte : la terre, la roche, l’air.

(Sport extrême)
Cependant le spectacle ne parlera pas de randonnée mais de pratiques beaucoup plus extrêmes, comme l’escalade en libre, le base jump, le wingsuit qui racontent de façon beaucoup plus intense ce rapport au monde, à la mort et à la vie décrit en préambule. Le danger permet d’exalter la vitalité, de mettre en branle nos puissances d’êtres, la joie d’en être, en dehors de tout contrôle. Il s’agit d’écrire des micros histoires avec nos corps, autres que celles vendues par le technocapitalisme mortifère.
Et pour raconter cela, on s’appuiera sur la vie et les expériences vécues de Steph Davis, formidable grimpeuse américaine. A nouveau, comme pour notre précédent spectacle 2h32, inspiré de la marathonienne Zenash Gezmu, il ne s’agira pas d’un vrai biopic. Steph Davis sera une influence pour une fiction dramatico sportive sur la montagne, la grimpe, le vol, les oiseaux.

(Ecritures)
L’écriture de la mise en scène sera nouée à celle du texte écrit avec des mots. Pour ce spectacle, il s’agira de poursuivre une collaboration existante avec Faustine Noguès, l’autrice de Vestiaire. Mettre en exergue les rapports entre paroles, gestes, vivantes et inerte, marionnettes. Faire exister les entres en jouant des postures, d’une cartographie multidimentionnelle entre sport, art, reliefs, paysages émotionnels.
Les mots, le jeu, la mise en scène seront tissés de tensions, sillages pour des imaginaires de vies désirables.

La note de l’autrice Faustine Noguès

Qu’est-ce qui fait qu’un jour, on se lève en se disant qu’on va sauter du haut d’une falaise dans le but de voler ?
Des très nombreuses ascensions de Steph Davis, j’ai choisi la première qui se termine par un saut en base-jump. Steph Davis vit à ce moment-là un épisode injuste et douloureux : elle vient de perdre ses sponsors après une controverse visant son compagnon, accusé d’avoir escaladé une paroi protégée. N’ayant plus les moyens de partir escalader l’autre bout du monde, elle décide de conquérir un nouvel espace : le ciel.

C’est dans ce contexte que je place l’ascension qui servira de colonne vertébrale à ce texte. Tout au long de celui-ci, on y verra Steph Davis escalader une paroi avec pour objectif, une fois arrivée au sommet, d’effectuer son premier saut en base-jump.

La singularité du texte résidera dans un jeu sur les points de vue. Nous aurons accès aux actions et aux pensées de Steph Davis tout au long de son ascension, mais le texte fera également entendre un autre point de vue : celui de la paroi.
En m’inscrivant dans une forme de recherche animiste, je souhaite en effet donner la parole à la paroi et, plus généralement à l’environnement qui la compose.
Par ce choix, je me lance le défi_d’inventer une grammaire géologique. Ma démarche ne consiste pas à humaniser la paroi mais à déstructurer la langue pour déployer, dans un imaginaire poétique, une parole telle qu’elle pourrait être activée par l’élément paroi.

Afin de développer cette partition, je m’inspire de langues qui, par leur grammaire, rendent sujets des éléments non-humains. À titre d’exemple, je citerai le potawatomi, dont la richesse en formes verbales confère une animéité au monde au-delà de l’humain. En potawatomi, désigner une colline implique une forme verbale qui sous-entend que les collines poursuivent un processus continu de collinage, qu’elles sont activement en train d’être collines.
Autre forme verbale qui m’inspire particulièrement, le mot Puhpowee que l’on traduit par : « la force qui fait que les champignons sortent de la terre pendant la nuit ».

Ainsi, deux points de vue et deux langages s’entremêleront : celui de l’humaine qui grimpe et celui de l’environnement qui l’accueille. Ce jeu entre les points de vue sera source d’humour autant que de contemplation. Il permettra de faire cohabiter au sein d’un même espace-temps les enjeux de la relation entre une sportive et ses sponsors, et le processus d’érosion d’une falaise.
Le texte s’achèvera par le saut en base-jump qui nous propulsera momentanément dans un nouvel élément à la grammaire singulière : l’air.

Article écrit par Michel C.
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