RÉUNION PUBLIQUE : INCENDIE DES 2 CHALETS

Suite à l’incendie de 2 chalets mitoyens le 18 février dans le haut du quartier de L’ochette, la Commune et le SDIS  (Service Départemental de Secours et d’incendie) avaient décidé d’un commun accord de la tenue d’une réunion publique afin de répondre aux questions légitimes que pouvaient se poser la population.

Cette réunion a eu lieu le mardi 14 mars. En voici un compte-rendu in extenso (cpte-rendu Michel Ch.).

Émile Chabrand, maire de la commune

Je salue le public venu nombreux et remercie de leur présence Marcel Cannat, vice-président du Conseil Départemental et président du SDIS, le colonel Juge, directeur du SDIS, le lieutenant Daubercies, chef du centre de secours de Ceillac, le colonel Collier, chef du groupement nord et le colonel Brobecker, directeur adjoint du SDIS ainsi que les élus locaux.

Le but de la réunion est le suivant : suite aux événements malheureux survenus le 18 février, après une prise de conscience que le risque est bien présent, il y a lieu de réagir rapidement en cas de sinistre et de tout mettre en œuvre pour qu’il soit traité dans les délais les plus restreints. Avec le SDIS, nous avons analysé cet événement et aujourd’hui, nous avons des mesures à prendre, des mesures citoyennes empreintes d’une grande solidarité. Si le SDIS est présent pour assurer les secours, les habitants se doivent de travailler et de réagir ensemble avec le SDIS, tous citoyens et tous solidaires.

Je passe maintenant la parole au président du SDIS et au colonel Juge qui vont nous expliquer comment fonctionne le SDIS et comment on fait tourner une caserne avec des bénévoles, ce qui vous le savez est le cas à Ceillac. Ces bénévoles sont des actifs, ils ne sont pas toujours disponibles et leur mission est de fait compliquée à conduire.

Marcel Cannat, président du SDIS

Le SDIS est présidé par le président du conseil départemental mais il peut déléguer cette fonction à un conseiller départemental, c’est ce qu’a fait Jean-Marie Bernard en me confiant cette mission.

Le SDIS comporte deux organisations, la partie gestion, la mienne, et la partie opérationnelle gérée par le colonel Juge, directeur du SDIS, le préfet et le maire. Donc, je n’interviens pas sur une opération (incendie, accident ou autre) ; ma mission est de fournir aux pompiers les moyens d’accomplir leur mission.

J’en profite pour remercier l’état-major du SDIS, le colonel Juge qui vient d’arriver dans le département, les colonels Brobecker et Collier ainsi que le lieutenant Daubercies, chef de centre à Ceillac. Je remercie également les représentants des centres de secours de Guillestre et du Queyras présents dans la salle. Ce dernier, Christophe Monnet, nous apportera son témoignage tout à l’heure sur ce qui se passe dans le Queyras.

Comme président du SDIS, je suis informé des événements impliquant le SDIS, et ce soir-là, j’étais présent à Ceillac.

Les pompiers à Ceillac sont des pompiers volontaires. C’est une particularité française. Sur le 05, il y a 1200 pompiers volontaires et 76 pompiers professionnels auxquels s’ajoutent une vingtaine de personnel d’encadrements qui supervisent tout le dispositif, soit une centaine de personnes au total.

J’aimerais remercier les pompiers de Ceillac et plus particulièrement les 2 jeunes pompiers qui sont intervenus ce soir-là.

On a constaté que le poteau incendie était quasi au même niveau que le feu, ce poteau étant lui-même guère plus bas que le réservoir incendie. De fait, la pression d’eau n’était pas suffisante. Pour augmenter la pression, il faut une moto pompe. La moto pompe a été livrée cette semaine à Ceillac. C’est mon rôle que de donner les moyens aux pompiers d’accomplir leur mission avec du matériel adéquat. Vous savez que j’ai un attachement particulier à Ceillac et si je peux aider, je le fais.

Émile et le conseil municipal nous ont demandé de mettre à disposition des tuyaux. Les lances et les tuyaux ont été livrés cette semaine.

S’il y a besoin d’un camion incendie, vous l’aurez demain ; s’il en faut, il y en aura deux. Mais, ce qu’il me faut c’est des chauffeurs (nb : actuellement aucun pompier de Ceillac ne possède le permis poids lourd). Je vais plus loin, s’il y a deux personnes qui veulent passer le poids lourd pour conduire le camion, je leur paye le permis poids lourd.

Je l’ai dit, s’il faut des moyens, on les donne, s’il faut payer les permis, on les paiera, s’il faut des camions, on les fournira. Les pompiers de Guillestre ou du Queyras peuvent confirmer que le SDIS donne les moyens nécessaires.

Après, il faut savoir une chose, c’est que c’est bien beau de mettre à disposition des tuyaux mais il faut être un minimum formé, pour ne pas être confronté à un suraccident pour lequel ma responsabilité comme celle du colonel Juge pourraient être engagée.

Bientôt, le budget du SDIS sera voté. Les recettes sont essentiellement issues du département (60%) et des communes (40 %). Ce budget intègre les besoins des différents centres et je tâche à ce que les pompiers aient les moyens nécessaires pour accomplir leurs missions.

Pour résumer, je gère le SDIS en donnant les moyens de fonctionner, le directeur, quant à lui, commande les pompiers et se charge donc de la partie opérationnelle.

Colonel Juge, directeur du SDIS

J’ai pris ma fonction comme directeur du SDIS 05 le 1er février.

Je suis présent ce soir à la demande du président du SDIS et du maire pour évoquer le déroulement factuel de l’incendie survenu le 18 février. Bien entendu, je répondrai à toutes les questions qui seront posées. C’est un échange, dans le cadre du respect mutuel, de façon à s’approprier ce qui s’est passé et de façon à préparer la recherche de solutions pour l’avenir.

 Je vais présenter en premier lieu le modèle de sécurité civile français, puis la chronologie de ce qui s’est passé et enfin, on évoquera quels sont les types de solutions que l’on peut mettre en place avec le triptyque prévention, prévision, opération :

  • prévention : éviter que se déclare le sinistre,
  • prévision :  on part du principe que cela peut se produire malgré toutes les actions de prévention et on regarde à ce moment-là quel type de dispositif on met en place pour pouvoir répondre présent.
  • organisation :  si cela monte en puissance quelle est la réponse opérationnelle à mettre en œuvre pour faire face au sinistre.

C’est à partir de ces 3 éléments que l’on bâtit la réponse opérationnelle.

Comme pour les feux de forêts, on fait la prévention avec les obligations légales de débroussaillement, nettoyer autour de sa maison, mettre en place des réserves d’eau… Pour la prévision, en fonction du risque météo, du vent, des températures élevées, de la sécheresse… on prépositionne des moyens héliportés et terrestres prêts à intervenir et si la lutte est déclarée, alors on coordonne l’engagement des moyens.

Ces 3 aspects de la lutte contre les feux bâtimentaires, comme pour l’ensemble des activités opérationnelles des pompiers, sont indispensables. La totalité des acteurs que ce soit les pompiers, le maire ou le préfet, qui coordonne l’activité opérationnelle dès lors que le sinistre est important et dépasse le contour d’une commune, tiennent compte de ces 3 briques pour gérer l’activité opérationnelle.

Sécurité civile

Le modèle français, c’est 95 % de pompiers volontaires et 5 % de pompiers professionnels.

On décide de l’installation des pompiers professionnels dès lors qu’il y a plus de 3 interventions par jour. Mettre des pros s’il n’y a pas ce minimum d’activité, cela n’a pas de sens et induit une démotivation forte des pompiers. En deçà de 3 interventions/jour, ce sont des pompiers volontaires qui sur leur temps personnel, professionnel, familial ou de loisir, déclarent de la disponibilité. En fonction de cette disponibilité, en cas d’alerte, on les appelle via une sirène, un bip ou autre. A ce moment-là, ils regagnent la caserne, ils se changent et partent en intervention de façon à assurer les missions qui sont les leurs (secours à personnes, accident, incendie…).

Si les sapeurs-pompiers sont dénommés les soldats du feu, l’incendie ne représente dans le 05 comme au niveau national que 8% de l’activité. Il y a 10 % d’activités diverses et la grande part, plus de 80%, c’est le secours à personne. De fait, les soldats du feu sont devenus les soldats de la vie, notamment grâce aux mesures de prévention incendie (détecteurs de fumée, ramonage…).

Sur Ceillac, on relève 40/45 interventions/an, le modèle c’est donc les pompiers volontaires. Cela suppose des citoyens investis qui acceptent de prendre un engagement. S’il n’y a pas cet engagement citoyen, alors, il faudra que, en cas de sinistre, les pompiers viennent de plus loin, ce qui implique un délai allongé.

Dans la salle est présent le lieutenant Monnet qui a vécu le glissement du Pas de l’Ours qui a isolé le fond de la vallée du Guil pendant quelques temps. Il a dû avec les élus, les employeurs privés et la population trouver un dispositif qui permette d’assurer la couverture opérationnelle sur le secteur d’Abriès-Ristolas qui ne pouvait être atteint que par hélicoptère, sous couvert d’une météo compatible. La population s’est donc prise en main avec les élus pour mettre en place un centre de secours temporaire. Si c’est possible dans une vallée voisine, il n’y a pas de raison que cela ne puisse se faire ici. Il nous en dira plus tout à l’heure.

Chronologie de l’intervention

(vidéo MC)

Les premiers appels reçus (19 H 21’59’’, 19 h 22’’’30, 19 h 23’20’’) font état d’un feu de cheminée avec un extension dans la maison, puis de grosses flammes et enfin d’un toit en feu. On comprend tout de suite que l’embrasement est déjà à un niveau très élevé. L’appel de 19 h 33’40’’ nous dit que toutes les personnes sont sorties et les toitures de 2 chalets mitoyens sont en feu. Cela signifie que 1 mn 40 après le premier appel, tout est déjà embrasé.

Les pompiers de Ceillac sont alertés, de même que Guillestre car on a vu tout de suite que le feu était d’importance et nécessitait des renforts. Dans cette logique, Châteauroux, Aiguilles et Embrun (gde échelle) sont déclenchés également. Les moyens sont donc immédiatement dimensionnés à la hauteur du sinistre.  Comme il n’y a pas la capacité au niveau local, il faut faire venir d’un peu plus loin.

19 h 45, les 2 pompiers de Ceillac présents sur le village ce jour-là, se sont engagés. Ce sont 2 jeunes, 17 ans et 21 ans. Sur le centre de Ceillac, il y a 7 pompiers dont un certain nombre sont étudiants qui sont bien souvent absents. Il faudrait donc renforcer le centre d’incendie. C’est le sujet majeur et le cœur du problème est là : comment trouver des résidents qui puissent s’engager au profit du collectif, que ce soit pour les incendies mais aussi pour les secours à personne, pour lesquels la rapidité d’intervention est aussi cruciale ?

Quand, ils arrivent, ils font le point sur la situation, renseignent l’état-major au CODIS. Et comme ils ne peuvent pas éteindre l’incendie du fait de l’embrasement complet des 2 maisons, ils mettent en œuvre une lance pour éviter la propagation à un bâtiment limitrophe. Dans pareil cas, où les moyens ne sont pas suffisants pour combattre l’incendie, il faut savoir faire la part des choses et protéger ce qui peut l’être. Ils ont également préparé l’arrivée des renforts.

 Quand le feu démarre dans un chalet avec ce type de structure, il y a dégagement de fumée, ça ne casse pas les double-vitrages, donc cela « marmite » à l’intérieur. Il y a beaucoup de gaz chauds qui se développent. Comme ce sont des toitures en bac acier, cela ne peut pas s’évacuer à l’extérieur. On a alors une stratification des gaz chauds et quand ceux-ci arrivent à une température d’auto inflammation, la totalité des gaz explose et on arrive à un embrasement généralisé éclair. Cela fait qu’il faut être très prudent lors de l’engagement dans les maisons ; nous avons perdu des collègues au niveau national dans ce cas de figure. C’est pour cela qu’il y a des formations avec de la méthodologie opérationnelle.

Amélioration du dispositif de protection contre l’incendie

Prévention

La prévention commence au sein de la maison à commencer, comme l’impose la loi, par le pose de détecteurs incendie. Ces détecteurs ne sont pas là pour éteindre le feu mais pour détecter les fumées. De par le dégagement de gaz toxiques, elles sont dans la grande majorité des cas responsables des décès. Souvent, les gens sont dans leur sommeil, notamment au premier étage, quand il y a le feu au rez-de-chaussée. Les fumées vont monter sans qu’ils sachent qu’il y a le feu et on les retrouve décédés asphyxiés par les fumées. C’est dramatique et cela concerne bien souvent les enfants qui dorment à l’étage. Alors, ces détecteurs sont indispensables. Qui plus est, ils peuvent vous alerter assez tôt et offrent parfois la possibilité d’éteindre un début d’incendie avec un simple seau d’eau. J’en ai fait l’expérience. Certains modèles communiquent entre eux via le wifi : s’il y en a un qui se déclenche, cela déclenche automatiquement les autres détecteurs de la maison. Et n’oubliez de veiller à l’état des piles.

Autre geste de prévention, le ramonage des cheminées. C’est obligatoire, 2 fois par an à Ceillac. Les locataires doivent fournir une attestation de ramonage à leur assurance. On a eu un feu à Serre Chevalier où lors du ramonage, le chapeau n’avait pas été nettoyé. Ce chapeau a pris feu provoquant la chute de brandons enflammés qui sont tombés sur le bois de la toiture.

Dernier geste, enfin, favoriser l’accès des secours, avec par exemple un déneigement des accès. Et veiller à ne pas avoir d’arbres trop hauts et/ou trop proches de l’habitat.

Voilà, ce sont des actions simples qui permettent déjà de limiter les départs de feu

Prévision

Au niveau de la mairie, il y a une veille pour vérifier que les poteaux incendie soient opérationnels de sorte à ce que les pompiers puissent se brancher dessus.

Au niveau du SDIS, comme à Ceillac aucun pompier n’a de permis poids lourd. La solution, c’est d’utiliser une moto  pompe remorquable avec la même capacité qu’un engin incendie. Les pompiers pourront donc la brancher sur un poteau incendie, puis brancher tuyaux et lances pour commencer l’extinction. Maintenant si les pompiers ne sont que deux, ce ne sera pas simple, il faut donc avoir du monde qui s’engage.

Nous allons programmer des exercices pour que les pompiers de Ceillac intègrent la mise en place de cette moto pompe et son utilisation.

Et puis, il existe un règlement préfectoral qui laisse la possibilité de mettre sur la commune à disposition de la population des tuyaux et des lances de façon à ce que des habitants désignés et alertés par le maire puissent utiliser le matériel et le mettre en œuvre en se branchant sur les poteaux incendie en respectant certaines modalités. Cela permet notamment de protéger les maisons limitrophes en attendant les renforts. Le matériel a été livré, il reste à définir le lieu de stockage du matériel et à désigner les personnes pouvant s’en servir.

Cela est rendu possible du fait de l’isolement du village, du manque de pompiers, avec la contrainte de se brancher sur les poteaux offrant suffisamment de pression.

Bien sûr, il y a des modalités d’usage et une prudence nécessaire : distante/feu, risque de fumées toxiques, risque d’explosion, risque électrique…

Le problème crucial, c’est la disponibilité des pompiers volontaires, la solution étant l’engagement citoyen au profit de la collectivité. J’invite à faire passer le message et inciter celles et ceux qui le peuvent à s’engager, à passer rapidement le permis poids lourd ce qui provoquera la livraison immédiate d’un camion incendie sur Ceillac.

BILAN
ÉCHANGES

Dans les échanges qui vont suivre, nous avons le témoignage du Lieutenant Monnet, chef de centre du Queyras. Il va vous expliquer le mise place d’un centre de secours suite au glissement de terrain du pas de l’ours. Un bon exemple qui a été possible dans le haut Guil et transposable à Ceillac

Christophe Monnet, chef de centre du Queyras

Effectivement, en 2017, il y a un glissement de terrain et, du jour au lendemain, nous ne pouvions plus passer et donc plus assurer les secours sur Abriès et Ristolas.

Avec le colonel Collier, nous avons tenu une réunion publique en présentant le problème. Les gens se sont sentis vraiment concernés et, au sortir de la réunion, nous avons recruté 8 sapeurs-pompiers. Le SDIS, quant lui, nous a fourni un camion incendie et un VSAB ; il a programmé la formation des recrues sur Abriès. Cela a rassuré la population et également les centres de vacances qui voulaient savoir si les secours seraient assurés, faute de quoi ils auraient annulé nombre de séjours. C’est sûr que dans les villages isolés, il faut savoir se prendre en charge avant l’arrivée des renforts.

Après l’ouverture de la déviation, tous les sapeurs-pompiers d’Abriès-Ristolas ont rejoint le centre d’Aiguilles, ils sont donc tous maintenant des pompiers du Queyras.

Pour finir, je voudrais rendre hommage aux deux jeunes pompiers de Ceillac qui étaient présents lorsque nous sommes arrivés. Ils étaient très marqués par l’intervention. J’espère qu’ils vont tenir le choc et qu’ils vont poursuivre leur activité au sein des pompiers. Et merci à Sophie d’avoir repris le centre de Ceillac, ce n’est pas facile et les ceillaquins peuvent lui en être reconnaissants.

Emile Chabrand

Tu as raison, ces deux jeunes face à un tel feu, ont vécu un moment difficile. On les remercie à nouveau.

On constate avec cet événement que nous n’avons pas au village les volontaires suffisants. On n’a pas besoin de personnes pour assurer 400 interventions par an, on en est loin, on a besoin de gens disponibles qui aiment leur village et qui soient présents lorsque le problème est grave.

Au niveau de la mairie, nous mettrons tout en œuvre pour aider le SDIS et nous continuerons à accomplir les actions qui nous sont dévolues.

Questions

Beaucoup de questions ont porté sur la limite d’âge d’engagement qui est de 55 ans. Il est demandé si dans un cas comme Ceillac, il ne pourrait pas y avoir au moins une dérogation pour rehausser l’âge maximum, sachant que la pyramide des âges du village n’est pas particulièrement jeune ?

  • Colonel Juge : la limite 16 ans – 55 ans pour les pompiers volontaires est réglementaire, et il n’est pas possible de la contourner. Par contre, cette limite n’existe pas pour les personnes qui seront désignées par le maire. Pour ces personnes-là, on pourra toujours leur montrer les manipulations simples pour brancher un tuyau. Et s’il y a parmi ces personnes d’anciens pompiers, ils seront, bien entendu, les bienvenus.

Est-ce que quelqu’un qui est chauffeur poids lourd pourrait conduire le Camion Incendie sur les lieux du sinistre ?

  • Colonel Juge : Cela n’est possible, Ces engins sont très techniques et nécessitent une formation spécifique. Les personnes qui seront amenées à utiliser le matériel mis à disposition de la mairie (stockés au centre du village) ne pourront pas utiliser le matériel du SDIS. Pour cela il faudrait prendre un engagement et suivre une formation.
    Je me satisfais de voir qu’un tiers du village est présent à cette réunion et je sais pouvoir compter sur la commune et le lieutenant Daubercies pour faire le maximum afin de susciter de nouvelles vocations, par des journées portes ouvertes, des formations…
    Concernant les deux jeunes qui étaient présents ce jour-là, ce qui a ajouté à la difficulté de l’intervention c’est la pression de la population qui était présente en nombre. Il a fallu les soutenir car ils étaient atteints. J’ai beaucoup de respect pour eux car en plus de la charge opérationnelle, ils ont eu à gérer cette charge émotionnelle et le risque c’est qu’ils renoncent à leur engagement. En tant que chef de corps, je me suis senti personnellement touché. Il faut les soutenir comme il se doit. Lors de tels événements, il y a beaucoup d’émotion de la part des victimes, de la population, il faut savoir la contenir et soutenir l’action des pompiers.

On est un certain nombre à être titulaire d’un Brevet d’État dans le cadre duquel nous avons eu une formation en matière de secourisme. Il serait intéressant que ces personnes puissent mettre en œuvre leurs compétences en cas de besoin…

  • Colonel Juge : sur la commune il y a un DSA (un défibrillateur placé au rez de chausse de la mairie) et, effectivement, au vu des compétences en matière de secourisme vous avez la possibilité d’utiliser ce matériel. Vous avez aussi l’application « le bon samaritain » que ceux qui ont passé la formation de secourisme peuvent télécharger. Dès lors qu’il y a un besoin de secours urgent, on sait s’il y a un secouriste à proximité, on sait ou se trouve le DSA le plus proche et une alerte est envoyée au secouriste pour qu’il se rende sur place et puisse accomplir les gestes de premiers secours adéquats en attendant les renforts.

Christian Grossan : Merci pour la réunion et les bonnes nouvelles, les moyens mis à disposition notamment. Je retiens que la population du village au lieu de s’en remettre totalement aux pompiers doit redécouvrir les élans de solidarité comme elle a connu autrefois. Au lieu d’avoir 30 personnes qui vocifèrent parce que les pompiers sont arrivés trop tard, il aurait été préférable qu’elles préparent pour eux le terrain. Donc merci une nouvelle fois pour cette initiative et l’apport de moyens mis à la disposition du centre. Il faut que la population n’attende pas tout des pompiers…

Émile Chabrand : Je constate que ce soir il n’y a pas ou très peu de gens de moins de 40 ans. On peut se demander pourquoi nos jeunes ne s’impliquent pas. Je pense qu’ils n’ont pas pris conscience du problème. Il va falloir que l’on mette en place des initiatives pour discuter avec eux et leur faire comprendre que l’on a besoin de tout le monde. Et c’est la roue qui tourne. Dès l’âge de 16 ans je me suis investi dans le village et je continue aujourd’hui comme beaucoup d’entre vous. C’est une situation regrettable et nous devons essayer de convaincre les plus jeunes de s’investir pour la collectivité.

Lieutenant Daubercies : je peux citer 2 personnes de plus de 55 ans. Lorsque je les appelle pour un coup de main, Eugène comme Luc viennent m’aider volontiers à la caserne. Ce sont des coups de main précieux. Tout le monde peut venir nous voir pour échanger, discuter… Nous pouvons vous apporter un peu de notre savoir-faire et vous, vous pouvez nous faire part de votre solidarité. On a énormément besoin de cela dans notre petit village isolé et qui peut se retrouver, comme l’a dit Christophe tout à l’heure, très isolé (avalanche, coulée de boues, éboulements…). Nous avons besoin de toutes les bonnes volontés et faire même un petit peu, c’est un énorme pas dans la solidarité.

Colonel Juge : J’ai découvert Ceillac, village magnifique avec une population investie et je ne doute qu’avec le maire, le chef de centre, avec le soutien des pompiers volontaires des autres vallées, le chef de groupement territorial, on arrive à trouver une solution pour défendre le village, l’activité, les infrastructures et la vie et le SDIS sera présent en appui.

Marcel Cannat : on retrouve ce soir la solidarité de ce village de Ceillac avec cette importante participation à cette réunion. C’est vrai que l’on regrette un peu qu’il n’y ait pas plus de jeunes qui viennent participer, qui se prennent un peu plus en main pour aider les pompiers de Ceillac. Vous avez de la chance à Ceillac d’avoir Sophie et toute l’équipe des pompiers qui prennent de leur temps. Je peux vous dire que ce feu, ça les a travaillés. Ils ont besoin de vos encouragements et notamment ceux qui sont intervenus ce soir-là. Et je me répète, le SDIS sera toujours là pour donner les moyens nécessaires. N’oublions pas que les conditions de ce feu étaient particulières ce jour-là, pas de neige, route terrain, pas de froid intense… On imagine que cela aurait été bien plus difficile dans le cas contraire.  

La mairie va faire un appel à la solidarité pour que quelques personnes s’engagent et puissent prendre et mettre en œuvre le matériel en attendant les renforts. Merci à tous

Émile Chabrand : Merci à l’état-major et à Marcel toujours présent quand il s’agit d’aider Ceillac. On connaît nos failles, il faut que l’on recrute et c’est compliqué. On va essayer de créer une équipe qui pourra aider les pompiers. Merci au SDIS pour avoir déjà livré du matériel et pour ses engagements.

Oui, cela aurait pu être plus dramatique, on imagine s’il y avait une belle couche de neige sur la route, sur les poteaux incendies, des voitures mal garées…

Chacun peut déjà mettre en œuvre les mesures de prévention préconisées.

Je remercie d’avance celles et ceux qui voudront bien s’investir. Les pompiers à Ceillac, c’est l’affaire de tous.

Article écrit par Michel C.
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