Départ en retraite

Françoise Chabrand, ATSEM (assistante maternelle) a commencé son travail à l’école, nouvellement construite, en 1980. Elle y a travaillé jusqu’à aujourd’hui, avec une interruption d’une dizaine d’années lors de la création du Farnienthé. De fait, elle a grandement concouru à apporter une stabilité, essentielle pour les plus jeunes.

Dès sa prise de fonction, elle a été intégrée à l’équipe pédagogique avec un rôle reconnu et des missions propres. Elle a accompagné les enfants dans tous les sens du terme, tant au niveau de la vie quotidienne que dans la progression et l’évaluation de leurs apprentissages ou encore de leurs besoins affectifs, avec une bienveillance de tous les instants, toujours à l’écoute des enfants à qui elle reconnaissait une personnalité pleine et entière.

Dès le départ donc, cette reconnaissance du rôle de Françoise, presque atypique pour la plupart des ATSEM de l’époque, a certainement ajouté à sa motivation qui, malgré les changements d’instituteurs de la classe maternelle (une dizaine au total) avec des fonctionnements parfois très différents, est restée intacte.

Elle a, bien sûr, fait profiter l’école de ses compétences musicales, notamment en matière de chant choral.

Elle a également eu une présence forte, très complémentaire, lors des différentes classes de découverte, que ce soit avec la classe des grands ou celle des petits. On se souviendra, avec bonheur, des séjours en Camargue, en Vendée, à Paris, dans le Var, en Corse, à Biabaux… des séjours où le rythme est très intense pour les encadrants.

Les enfants, les parents, les enseignants, les élus, les amis ont donc tenu à lui rendre hommage et à la remercier à la veille des vacances scolaires, en lui souhaitant, via une chanson détournée, une bonne retraite, méritée, heureuse et active.


Après ce bel hommage, Françoise a souhaité s’adresser aux enfants…

Lettre d’une ATSEM  aux enfants de l’école…
Je n’arrive pas encore à tourner la page, une grande et belle page, et la pleine lune des mes nuits, ces jours-ci, ne m’aide pas vraiment…
Cette belle fête, cette belle surprise de votre part à tous m’a comblée ! Votre présence, tous vos gestes, vos intentions, vos cadeaux, vos petits mots et jolis dessins, vos regards et vos sourires me sont allés droit au cœur !
A tous les enfants que vous avez  été, à tous ceux qui le sont encore aujourd’hui, je voulais  vous dire un grand merci.
Durant toutes ces années, dans une parfaite complicité et une totale confiance, vous m’avez laissée vous aider à grandir sur les bancs de votre école… La tâche était  belle et noble, pas toujours facile, mais j’ai grandi avec vous ! Vous aviez 3, 4, 5 et 6 ans, j’en avais 20 ! Et que de belles leçons de vie j’ai reçues aussi de vous !
L’enfance est un monde merveilleux, vrai, juste,  direct, sans failles et sans mensonges ! l’enfant ne vous loupe pas, ne vous rate pas, on n’a pas droit à l’erreur ! La réplique serait alors immédiate ! La colère, la  tristesse ou la déception effaceraient tout travail lentement mené… l’explication et les mots doivent être justes et compris !
Par contre, quand la porte est ouverte, quand doucement on se sent autorisé à entrer, il faut être entièrement là, présent. Écouter, ressentir et répondre : des regards qui attendent quelque chose, des mains tendues qui se découragent, des gestes qui demandent à devenir plus précis, des questions pertinentes qui attendent des réponses vraies, des craintes qui veulent s’apaiser, des rêves qui souhaitent  être entendus, des histoires écoutées, approuvées, des gros cœurs soulagés, des larmes essuyées, des chagrins consolés et des peines allégées…
Mais, en plus de tous les apprentissages inculqués généreusement  par vos maîtres, l’école, c’est aussi le jeu, les temps libres, les expériences, l’expression de l’art, de la musique, de l’imagination et tout cela réuni, laissera la place à beaucoup de bonheur et de joie partagés !
Vous avez toujours été reconnaissants, m’avez tant donné en échange, jamais trahi, et, jusqu’à aujourd’hui,  dans vos regards… tout était dit.
Je me devais, avec mon plus grand respect, de vous le retourner… MERCI.

Chuuuuut les enfants ! Je voudrais en profiter pour remercier aussi…
Vos maîtres et maîtresses d’école qui font chaque jour, un travail énorme, lourd en responsabilité et dévouements. Respect. Sans eux, sans leur confiance,  je ne serais pas celle que je suis devenue dans l’école, une ATSEM comblée, faisant partie de l’équipe éducative pleinement, travaillant à leurs côtés. Je disais souvent : « Ils ont le plus dur, moi, j’ai le meilleur ! »

Et enfin,  tout ceux qui ont œuvré pour faire de ce départ en retraite une belle fête pleine de belles émotions,  à la belle équipe de la mairie, à tous ses employés devenus amis, aux différents Maires qui ont été toujours présents pour l’école, à M. Le Maire actuel (que je vois de temps en temps !) qui est resté discret et patient alors que je m’énervais à vouloir organiser quelque chose, à l’association des abeilles et aux parents qui m’ont fait confiance, et même, vu mon âge, aux grands-parents qui m’ont vu grandir, sans quitter la Maternelle !

Un jour, dans la classe, en plein travail où je m’adressais à une petite fille en l’appelant  « ma belle », le petit garçon d’à côté m’a vite repris de son air franc : « Et moi, pourquoi tu ne m’appelles pas « mon beau ? » Derrière sa question si sincère, il y avait tellement d’émotions, je n’ai pas su lui répondre, mais depuis, je l’appelais « mon grand » !
Françoise

                                                                                                                     

Article écrit par Michel C.
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