Brush

Le Patrimoine bâti

La vallée recèle un patrimoine bâti riche qu’il soit religieux, agricole ou autre.

On dénombre 2 églises, Saint-Sébastien sise au cœur même du village, et Sainte-Cécile implantée au milieu de la plaine des Oches (oches = champs en gaulois).

S’il n’y a aucune explication certifiée exacte quant à la présence de ces deux églises, il faut rappeler que le village a compté jusqu’à 951 âmes au milieu du XIX ème siècle et, qu’à cette époque, tout le monde se rendait à l’église (hormis parfois l’instituteur du village comme le signale un curé de cette époque dans son journal) qui régentait la vie des Ceillaquins de façon très marquée.

ÉGLISE SAINT-SÉBASTIEN

Sa construction semble remonter à l’extrême fin du XVème siècle ou au tout début du XVI ème si l’on s’en réfère à ses caractéristiques architecturales. Mais il existait déjà à Ceillac, une église en 1118 qui dépendait de l’Abbaye de Saint-André de Villeneuve.

Si l’on en juge par la population du village à cette époque, il est incontestable qu’il existait au Moyen-âge une communauté chrétienne importante. L’église fut consacrée en 1542. En 1768 eut lieu la translation des reliques de Saint-Sébastien, en grande pompe.

Aucune pièce ne fait état des dimensions de celle-ci, mais il est certain que des modifications, des remaniements, des agrandissements eurent lieu au cours des siècles, comme le prouvent s’il en était besoin l’architecture du bâtiment et l’emploi des divers matériaux.

L’église a été classé le 2 mars 1979.

* LE CLOCHER

Le clocher primitif ne comportait que 2 ouvertures pour 2 grosses cloches, puis 3 ouvertures furent créées pour en accueillir 3 petites, une 6 ème étant installée dans le clocheton. L’ensemble est tout à fait exceptionnel et donne une silhouette curieuse et originale à l’église.

Saint-Sébastien, sise en plein cœur du village. (photo MC)
Le clocher, atypique et exceptionnel, avec ses 6 cloches. (photo MC)

* LE PORTAIL SUD

Le linteau en pierre rose porte l’inscription en relief « Anne domini M D I » (année du Seigneur 1501). Sur le tympan se dessine un blason bleu avec une croix tréflée. Le lambrequin porte à droite la mitre et à gauche la crosse, le tout surmonté par la couronne de prince (Archevêque d’Embrun). Au sommet du tympan l’inscription « Crux Spes ». Sur les côtés, des têtes humaines sculptées dans la pierre avec à droite un nom « Shaz Tardini » (peut-être le nom de l’architecte).

* LE CADRAN SOLAIRE

A droite de l’entrée, sur la façade, un cadran solaire de 1739. Il était recouvert par un autre cadran datant de 1829 et a été mis à jour, lors des travaux de restauration de 1994.

* L’HORLOGE

Elle datait de 1872 et aurait été achetée à Briançon par le Chanoine Colombet. Le mécanisme ancien a été remplacé récemment et est exposé à la Chapelle des Pénitents. La fresque autour de l’horloge a été restaurée en 1994.

* LA NEF

Composée d’une seule nef couverte de tuf en berceau brisé, elle mesure environ 20 m de long sur 7,50 m de large, avec quatre travées irrégulières.

Le premier arc du bas de l’église porte la date de 1667, la voûte avant le chœur sur le côté nord, celle de 1755.Les piliers surtout ceux du nord de la nef sont bien antérieurs, peut-être du XIII ème, voire du XII ème, bien qu’il soit difficile de dater à cette époque en -matière d’architecture car l’évolution d’une région à l’autre surtout dans ces pays isolés, pouvait différer de plusieurs siècles.

La porte du bas aussi appelée « la porte des femmes » donnant sur la « place vieille », fut ouverte en 1755. Les jeunes filles restaient au fond et en vieillissant (en âge et en sagesse ?) pouvaient s’approcher du chœur.

* LE CHŒUR

  • Presque carré, avec voûte en croisée d’ogive, en tuf avec à la clé de voûte une simple croix régulière dans un cercle. Le maître-autel en marbre blanc est sculpté suivant la mode de la fin du XIX ème siècle.
Saint-Sébastien offre une très belle acoustique, idéal pour les concerts. (photo MC)

* LES FRESQUES

Découvertes lors des travaux entrepris après les inondations de juin 1957, elles furent restaurées quelques années plus tard. D’après les costumes, les teintes douces et harmonieuses, la peinture semble dater du milieu du XVI ème. Elles racontent une partie de la vie de St-Sébastien.

Fresque du chœur de Saint Sébastien (photo MC)
Détail (photo MC)
Détail (photo MC)

* SÉPARATION de la CHAPELLE des PÉNITENTS

La chapelle des Pénitents donnait sur l’église. En 1874, il fut décidé de construire un mur de séparation entre la chapelle des Pénitents et l’église et de ne laisser pour communication qu’une grande porte car … »Le dimanche matin pendant que les pénitents chantaient leur office, il était impossible d’entendre les confessions ».

* LA STATUE DE SAINTE ANNE

Elle est en bois, à droite à l’entrée du chœur. Elle provient de la chapelle Sainte-Anne. Durant l’hiver 1918-1919, une avalanche monstrueuse, partie de la Font-Sancte, remonta dans le vallon de Tronchet et emporta la chapelle Sainte-Anne. Seul est resté debout, un angle du mur d’environ 1,50 m qui protégeait la statue. Légèrement endommagée, elle fut restaurée à St-Véran et regagna une niche de l’église.

* LA CHAPELLE de la Sainte Vierge

La sacristie actuelle était la chapelle de la Ste Vierge qui donnait dans la nef, construite antérieurement uniquement pour agrandir l’église. En 1911, elle fut transformée en sacristie. Pas sans peine, car « tout le monde ne l’entendit pas ainsi, quelques uns par esprit de contradiction suscitèrent des difficultés » … mais après un premier refus, le conseil municipal autorisa les travaux par délibération du 26 mars 1911. Elle dispose d’un buffet mural où sont entreposés les objets du culte, ainsi que d’un placard qui contient les bannières de procession.

St Sébastien était depuis de longues années le patron de la paroisse  » mais comme cette fête, à cause de la mauvaise saison ne pouvait se célébrer avec toute la solennité désirable, en 1879, les habitants de Ceillac ont demandé à l’évêque Monseigneur Guilbert de leur permettre d’invoquer désormais comme patron de la paroisse l’apôtre St Barthélémy dont la fête se célèbre le 24 août » … Sur l’ordonnance de Monseigneur l’évêque, « La paroisse aura pour patron l’Apôtre St Barthélémy et St Sébastien, martyr continuera à être le titulaire de l’église ».

en téléchargement : plaquette St Sébastien éditée par les Amis de Ceillac

ÉGLISE SAINTE-CÉCILE

Dépendant depuis le X ème du pouvoir ecclésiastique embrunais, évangélisée au XI ème par les moines de Saint-André d’Avignon qui créèrent une paroisse à cette époque, l’église Sainte-Cécile est antérieure à celle de St-Sébastien.

L’église, construite sur le cône de déjection d’un ravin, a été bâtie à la fin du XlV ème et a subi plusieurs remaniements. Il suffit de regarder sur le côté ouest les fenêtres bouchées, excentrées et l’utilisation de divers matériaux.

Elle est à présent seule au milieu des prés, dans l’enclos du cimetière à 1 km du village. Mais il fut une époque où le hameau de la Clapière était très peuplé et les habitations contiguës à l’église. Le manque d’eau (en cas d’incendie) et surtout les nombreux débordements du ravin des Aiguillettes, ont fait fuir une partie de la population de la Clapière.

Sainte-Cécile, dont l’emplacement excentré au milieu des Oches n’a pas d’explication avérée. (photo MC)

* LE CLOCHER

De style roman-lombard, le clocher a fière allure.

Carré et élancé sur plusieurs étages, allégé par des baies géminées ou triplées que coiffe une flèche octogonale avec des pyramidions à chaque angle et des fenestrons (un par face), c’est un clocher assez haut pour un édifice de dimensions plutôt modestes.

* LE PORTAIL

Parallèle à une seconde porte, le portail est en plein cintre, encadré de chaque côté par des sortes de consoles qui devaient sans doute supporter autrefois un porche voûté. La forme ovoïde des consoles, agrémentée d’une tête et de deux bras pendants est celle de personnages grotesques.

* LA PIETA

Dans le tympan du portail subsiste une Pietà. Les tons de peinture sont froids et les formes des personnages, lourdes. Le corps du Christ en équilibre précaire sur les genoux de sa mère surprend moins que la position curieuse des mains.

A gauche du portail on aperçoit des fragments peints, vestiges en mauvais état d’une représentation des châtiments des vices : deux personnages nus, l’un suspendu tête en bas, les genoux repliés sur une traverse, l’autre en position horizontale, mains attachées dans le dos.

Leur situation sur le mur sud de l’église permet d’émettre l’hypothèse de la présence d’une série comportant vertus, vices et leurs châtiments, abritée par un auvent.

* LA NEF

Elle est couverte d’une charpente dont certaines pièces sont sculptées ou peintes de dessins géométriques et de personnages naïfs.

* LE CHŒUR

  • Il est désaxé par rapport à la nef et est voûté d’ogives en tuf. Il abrite un autel en bois peint. vert et rouge avec au centre un médaillon représentant Sainte-Cécile jouant de la harpe. Au-dessus de l’autel, un grand tableau avec St-Sébastien, Ste Cécile et le Christ.
Le plafond est décoré de multiples motifs, rosaces diverses, personnages féminins, soleils… (photo MC)

* LE BÉNITIER

  • Il est sculpté en pierre avec à chaque angle des saintes debout. N’est-ce pas un ancien chapiteau ? Il est identique à celui de la galerie-porche de Guillestre et de celui d’Arvieux. Il représenterait la figuration de la Foi, de l’Espérance et de la Charité. Deux personnages féminins sont couronnés dont celui qui porte un enfant.
Comme Saint-Sébastien, Sainte-Cécile offre une très belle acoustique… (photo MC)

* LA STATUE de SAINTE-CÉCILE

Statue en bois doré montrant Sainte Cécile avec une harpe.

Ceillac n’est pas actuellement commune frontière, mais elle l’était de 1388 à 1713 quand la vallée de Barcelonnette appartenait au Duché de Savoie jusqu’au traité d’Utrecht. La France étant en guerre avec le duc de Savoie en 1690, il y eut beaucoup de passages de troupes, amies ou ennemies, mais qu’il fallait toujours nourrir.

Une légende rapporte « qu’un commandant du régiment du prince Eugène vint camper dans la plaine des Auches (Oches aujourd’hui), avec son armée non loin de l’église Sainte-Cécile. Ayant reçu l’ordre de rebrousser chemin vers l’Italie, il résolut de laisser des traces de son passage. Il fit mettre le feu aux quatre coins du village de la Clapière et l’église fut brûlée. Pendant l’incendie, on vit apparaître une femme vêtue de blanc, qui se promenait sur les cordons saillants du clocher à la hauteur des clochetons. A cette apparition, le commandant s’écria de dépit: Cécile chauffe-toi ».

Sainte-Cécile vue du ciel (photo Jeannot Meissimilly)
FONTAINES DE CARACTÈRE

– Fontaine octogonale en pierre rose de Ceillac taillée en 1790 par M. CAVALIN, tailleur de pierre de Montdauphin

– Petit bassin rond en pierre rose à l’angle du bar tabac, dans le village

PIERRES ÉCRITES OU SYMBOLIQUES

– Linteau porte de la mairie daté de 1558

– Maison les Bloucs, dans le village en face le magasin le Névé, poutre en bois gravée « incendie 1889 »

– Au fond de la vallée du Cristillan, vers l’ancienne carrière de marbre, dalle de pierre gravée

– Beaucoup de pierres gravées par les bergers sont dispersées dans les alpages. (Assan, Beaubarnon, Tronchet…)

MAISONS DE CARACTÈRE

– Maison Chabrand, au pied du village (maison classée)

– Maison de Fournier Joseph, vers le haut du village, en face de la boulangerie Richard

– Maison des Fournier « Arroncy », à côté de Fournier Joseph

INSTALLATIONS LIÉES AUX ACTIVITÉS TRADITIONNELLES

– Treuil à foin visible de la rue, vers le bas du village, « La Maison du Lucien »

– Canal d’irrigation du Cheynet, à la Clapière

– Four à chaux au « Clos des Oiseaux »

– Four à chaux en descendant vers Guillestre, au pied de la Traverse

– 2 Cabanes de berger en pierres sèches genre « bories » sont sur le chemin de l’ancienne carrière de marbre, une au départ, une deuxième « aux Sagnières ». La 3ème se trouve dans la vallée du Cristillan, au-dessus de Chalgrand, à la Troune.

Pierre gravée avec des inscriptions, pour beaucoup, réalisées par les bergers. (photo MC)
SITES NATURELS HORS DU COMMUN

– Les glaciers rocheux de la Font-Sancte

– les arbres remarquables, vers le lac des Rouites, au dessus du lac Miroir

– la cascade de la pisse (280 m de hauteur)

NICHES

– Maison FOURNIER Annette – dans le village – ancienne mercerie/tabac- petite statue de la Vierge

– Maison « Lou Gays » avec une sorte de fresque bleue – petite statue de la Vierge

– Maison des Wallez – bas du village – niche vide

– Dans le jambage de la croix de Mission 1920 prés de la chapelle St-Antoine – très petite niche avec statue de la Vierge

CADRANS SOLAIRES

– Église 1732 – restauré en 1994

– face sud mairie – cadran fresque créé en 1994 par Rémi Potey

– Maison Fournier Marthe – très ancien cadran en bois

– « La Laiterie » – cadran bois créé par M. et E. Zamojski

– Maison Chabrand Juliette – hameau du Villard – restauré par M. et E. Zamojski

– Maison Thirion – hameau des Chalmettes 2 cadrans fresque à l’angle de la maison

– Maison Perron Joseph – hameau de la Clapière

– Maison Jean Robert – hameau de la Clapière – en bois 1992

– Maison Nouailles – cadran fresque très dégradé – hameau de la Clapière

– Maison Béhara – La Chalp – cadran en céramique avec motifs queyrassins

– Maison Robert Fournier – l’Ochette – cadran en bois

CONSTRUCTIONS MILITAIRES

– Poste optique de la crête des Chambrettes construit en 1899 avec une inscription gravée dans la pierre

– Poste optique de la tête de Favière (Girardin) 1900

Le poste optique des Chambrettes construit en 1899 (photo MC)
Poste optique de Girardin en 2006, avant sa rénovation (photo MC)
CHAPELLES

Les chapelles étaient très nombreuses à Ceillac, une par hameau. Toutes sont encore debout et, pour la plupart, en très bon état. Seule l’hypothétique chapelle du Serre (2 maisons) aurait disparu…

Vallée du Bois Noir

  • St Jean Baptiste (Bois Noir), St Pierre (Rioufenc), St Roch (Chalmettes)
  • St Ours (Rabinoux), St Barthélémy (Thioure), Sainte Barbe (Villard)
Intérieur de la chapelle St-Barthélémy du Thioure, rasée par une avalanche en 1978. (photo AB)

Vallée du Mélézet

  • Sainte Marie (La Chalp), St Michel (Cime du Mélézet), St Bernard (Pied du Mélézet)
  • St M.-Magdeleine (la Riaille), St Claude (St Claude)  

L’Aval

  • Ste Marie (Adret de l’Aval) ~ avait disparu mais a été rebâtie récemment
  • Notre Dame des Neiges (l’Ubac de l’Aval)

On compte également un certain nombre de chapelles dans le village même…

en téléchargement : plaquette chapelles de Ceillac (lien en cours)

La chapelle Ste-Anne, sise au bord du lac éponyme, détruite par une avalanche en 1918.
La reconstruction après l’avalanche (photo Jean Favier)
La chapelle rénovée en 2003 (photo MC)
Article écrit par Michel C.
Brush