Le Faucon pèlerin
C’est l’observation exceptionnelle d’un faucon pèlerin dans la cour même de l’école, à seulement quelques mètres, qui a donné l’idée de rédiger ce dossier, synthèse des travaux des enfants et de leur enseignant.
Faucon (du latin falco signifiant faux) vient de la forme de ses ailes en arbalète. Pèlerin (peregrinus) vient du fait que l’on a longtemps cru que l’oiseau était en déplacement permanent, son nid étant peu visible.
La femelle est nettement plus imposante que le mâle, avec un poids quasi deux fois supérieur.
S’il est un oiseau qui devait jouir d’une protection rapprochée, c’est bien le faucon pèlerin dont les effectifs ont fondu de presque 90 % en quelques décennies seulement. On cite fréquemment le cas de la Finlande qui comptabilisait, il y a 50 ans environ, 3000 spécimens et qui en dénombre aujourd’hui une vingtaine seulement… D’importants programmes de réintroduction ont été mis en place. La France qui ne comptait plus qu’une centaine de couples dans les années 70, en compte désormais environ 1500.
Répartition Géographique
On peut l’apercevoir sur tous les continents, Europe, Amérique du nord et du sud, Afrique, Asie, Océanie. Seules les régions trop froides lui sont inhospitalières : Antarctique, extrême nord de l’Europe… Hormis ceux vivant très au nord, les faucons pèlerins ne migrent pas. Il préfère les habitats ouverts et peu boisés qui lui offrent un large champ visuel. Il niche sur les falaises et quelquefois en ville sur des bâtiments de grande hauteur (cathédrale de Limoges par exemple).
Reproduction
Le faucon pèlerin niche généralement dans les falaises, en squattant éventuellement un nid existant. Ainsi, sa progéniture est à l’abri d’un grand nombre de prédateurs. Malgré tout, il lui arrive aussi de s’établir dans un arbre. A l’instar de plusieurs de ses congénères, l’oiseau ne construit pas de nid. Les œufs, généralement 3 ou 4, sont pondus à même le sol. Leur taille est proche de ceux d’une poule avec une forme un peu plus ronde et une couleur tirant sur le roux.
L’incubation dure 32 à 35 jours, les petits pouvant naître de manière échelonnée. C’est généralement la femelle qui couve les œufs, aidée en cela par sa couverture plus large que celle du mâle qui, lui, est plutôt chargé du ravitaillement.
La baisse de population a eu pour origine les collectionneurs d’œufs, les fauconniers et surtout les divers pesticides, dont le trop fameux DDT (heureusement interdit depuis), ces pesticides se retrouvant très concentrés chez les faucons situés pratiquement en bout de chaîne alimentaire. La conséquence a été une fragilisation des œufs par une réduction de 25 % de l’épaisseur de la coquille.
Les petits grandissent vite et peuvent prendre jusqu’à 30/40 g par jour. On imagine sans peine le lourde tâche du mâle chargé de ravitailler tout ce petit monde et devant, par là même, capturer une dizaine d’oiseaux par jour. 2 à 3 mois après la naissance, les jeunes faucons prennent leur premier envol, en juillet. Ils resteront 2/3 mois avec leurs parents pour apprendre à chasser puis les quitteront définitivement à la recherche d’un autre territoire. On estime qu’un jeune faucon sur deux, en moyenne, mourra, de mort violente avant d’atteindre l’âge adulte.
Alimentation
Comme l’examen du bec, celui des pattes est un précieux indicateur pour déterminer son régime alimentaire exact. Les doigts, particulièrement longs, montrent qu’il ne peut se nourrir ni de micromammifères (comme la buse), ni de serpent (comme le circaète Jean-Le-Blanc présent dans la vallée). De même, il ne possède pas de griffes très recourbées comme le balbuzard et donc ne peut attraper des poissons. Son faible poids lui interdit de s’attaquer à des grosses proies, comme les marmottes, qu’il ne pourrait porter. Le faucon pèlerin capture exclusivement des oiseaux et principalement une dizaine d’espèces, dont le pigeon, l’étourneau, le geai, la grive… Sa meilleure arme de chasse est son œil, particulièrement performant. Il couvre un vaste horizon avec un champ de netteté très large. Qui plus est, avec 8 à 10 fois plus de cellules réceptives, il reste très compétitif au crépuscule, moment de chasse privilégié avec le matin. L’œil occupe une grosse partie du crâne ; en proportion, l’œil humain aurait la taille d’un pamplemousse. A noter que le hiéroglyphe égyptien dédié au verbe voir représente un tête de faucon.
Sa technique de chasse est à la fois simple et très élaborée. Utilisant son œil très performant, capable de repérer un pigeon à 8 km, il choisit sa proie. Au lieu de fondre directement sur elle, ce qui la ferait fuir, il part à l’opposé puis s’élève dans le ciel en décrivant une grande courbe de façon à se retrouver à l’arrière de l’oiseau visé, plusieurs centaines de mètres au-dessus (800/900 m en moyenne)…
Puis, il se laisse tomber, adopte une forme aérodynamique en repliant ses ailes et ses pattes. Il atteint communément ainsi une vitesse dépassant les 250 km/h. Quelques observations ont permis d’établir que dans certains cas, il pouvait même atteindre, voire dépasser 400 km/h, lors de piqués verticaux notamment (la vitesse certifiée relevée par National Geographic est de 389 km/h). Cette vitesse engendre un bruit qui le trahit souvent, aussi, 9 fois sur dix, l’attaque échoue, l’oiseau alerté se laissant choir comme une pierre pour échapper à son prédateur. Dans la pratique, les oiseaux capturés sont souvent des oiseaux malades ou blessés.
Si la proie est capturée, après un freinage dantesque, le faucon la tue immédiatement grâce à une petite excroissance située sur le bec supérieur, appelée la dent, qui servira à briser la colonne cervicale. L’oiseau est généralement consommé au sol à un endroit habituel où l’on retrouvera fientes et autres pelotes.
Prédateurs
Son prédateur direct est unique, il s’agit, en l’occurrence, du grand duc.
Celui-ci, malgré sa grande taille, a un vol très silencieux grâce à ses plumes qui ont une structure particulière avec la présence de petits crochets les empêchant de glisser les unes sur les autres. De fait, les ornithologues ont constaté que la présence de ce prédateur en nombre est incompatible avec celle du faucon pèlerin.
On peut également nommer le grand corbeau qui n’hésite pas à se saisir de poussins lorsque les parents ont momentanément quitté le nid.
Citons aussi les delta-planes, les parapentes, les grimpeurs et certains photographes qui, s’ils ne pensent pas à mal, perturbent les oiseaux avec pour fâcheuse conséquence l’abandon pur et simple du nid.
N’oublions pas les insecticides, les trafiquants et quelques chasseurs qui tirent sur tout ce qui vole.
Références – Bibliographie
– Florent Cardinaux https://www.facebook.com/people/Florent-Cardinaux-Photographe-Ecrivain/100063573877578/
– « La Hulotte », excellent et incontournable (site : lahulotte.fr), a consacré 3 numéros à ce rapace (n°42/43, 44, 45)
– « Le faucon pèlerin » de Monneret aux éditions Delachaux et Niestlé