Le chevreuil
Si le chevreuil n’était pas présent dans la vallée, il y a encore une vingtaine d’années, il est maintenant bien établi avec une population en hausse régulière, comme celle de la plupart des ongulés.
On l’aperçoit ou on entend son aboiement assez régulièrement, aussi les CM1 et les CM2 de l’école ont-ils recueilli les éléments nécessaires à la constitution de ce dossier et ont rédigé une bonne partie des textes. Merci donc à Alice, Elsa, Laura, Maëlis, Alex, Dylan et Pierre.
Le mâle est souvent appelé aussi cabrol ou brocard. La femelle est, quant à elle, appelée chevrette.
Le faon désigne un chevreuil âgé de quelques mois au maximum et le chevrillard un jeune chevreuil de moins d’un an (6 à 12 mois, identifiable avec ses bois plus petits que les oreilles).
Le chevreuil a un profil de sauteur : il a les pattes arrière longues et puissantes et les pattes avant courtes ; il est capable d’effectuer des sauts de 2 mètres en hauteur et 6 m en longueur.
On peut différencier le mâle de la femelle grâce au miroir (zone de poils érectiles situés sur l’arrière-train de l’animal), celui de la femelle est plus ou moins en forme de cœur (avec la présence d’une brosse vulvaire) et celui du mâle est en forme de haricot (le mâle dispose qui plus est d’un pinceau pénien). Ce miroir n’est pas très discret mais il permet de prévenir les congénères d’un danger immédiat : il double de surface par hérissement des poils érectiles (éteint, allumé). Enfin, seul le mâle possède des bois.
Le chevreuil est souvent confondu avec la biche ou le cerf, pourtant les poids sont autrement plus importants : la biche pèse 100 kg et le cerf 250 kg.
Le chevreuil aboie ; ce verbe peut surprendre mais écoutez donc son cri et vous comprendrez l’utilisation de ce vocable… : cri du chevreuil. Il nage très bien.
Les crottes du chevreuil, oblongues, se distinguent assez facilement de celles du chamois, moins régulières et présentant souvent une petite excroissance. L’empreinte est assez petite et assez singulière pour ne pas être confondue avec celle d’autres ongulés.
Le chevreuil a une bonne vue, mais il distingue mal les choses immobiles, par contre au moindre mouvement (même un simple clin d’œil), le chevreuil vous détecte.
LES BOIS
Le chevreuil a des bois comme le cerf. Les bois font à peu près 25 cm de hauteur, c’est à dire 2 fois la taille des oreilles.
Ils tombent à la fin de l’automne (les bois tombés s’appellent des mues) et la repousse commence aussitôt (4 mois de « fabrication »).
Au cours de leur croissance, les bois sont mous et recouverts de velours, jusqu’en avril-mai où le chevreuil perd les velours en les frottant à un tronc ; les velours tombés sont aussitôt mangés par le chevreuil.
Plus l’animal est jeune et en bonne santé, plus les bois sont jolis, ourlés avec de belle pointes marquées. Si l’animal est vieux, les pointes sont courtes et émoussés, les perlures sont rares.
Les mues sont difficiles à trouver, à tel point qu’on a longtemps cru que les chevreuils les enterraient. Les individus âgés perdent leurs bois en avance, cela leur permet d’être « équipés » avant les jeunes chevreuils en quête de territoire et de les dissuader de briguer le leur.
ALIMENTATION
Le chevreuil, un ruminant comme le cerf, consacre 12 heures par jour à son alimentation. Il est fin gourmet, choisissant avec soin sa nourriture. Le chevreuil ingère 3 kg de nourriture par jour.
La nourriture est très variée, un mois avant sa naissance, le petit faon a déjà goûté à 32 plantes différentes.
Son menu change suivant la saison. Au printemps, il mange des jeunes pousses, des feuilles tendres, des herbes, des fleurs, des bourgeons et des ronces. Parfois, les jeunes pousses peuvent le saouler, ce qui le rend moins méfiant ; il se laisse alors facilement approcher et fait plein de bêtises, perdant toute notion de méfiance.
A l’automne, le chevreuil mange beaucoup de fruits allant jusqu’à chaparder dans les jardins. Il mange les fruits de merisiers, des baies d’aubépines, des noisettes, des faînes, des champignons et des myrtilles…
Il boit très rarement, se désaltérant grâce à la rosée matinale.
REPRODUCTION
Vers mi-juillet, la période du rut commence. Le mâle poursuit la femelle. Les traces de cette poursuite, parfois très brutale, sont quelquefois bien visibles (ronds de sorcière, huit…). Si l’accouplement a donc lieu au début de l’été, le développement de l’embryon est stoppé jusqu’en novembre ou décembre (diapause embryonnaire).
La chevrette met généralement au monde 2 faons, un frère et une sœur, au mois de mai ou de juin. Les chevrettes les mieux nourries, donnent naissance à trois petits ; les chevrettes les moins bien nourries n’auront qu’un petit.
Les petits pèsent 1,5 kg à la naissance, et grâce à un lait très nourrissant, ils grandissent vite (3 kg à 8 jours, 6 kg à 15 jours). Au bout de 100 minutes, le faon est debout. Dès le 8 ème jour, le faon court beaucoup, mais s’épuise vite et tombe comme une pierre. Au bout de quinze jours, il est plus rapide qu’un renard.
Le mâle, ne s’occupe pas des petits. La mère laisse les petits seuls et isolés, de 30 à 40 m, et n’attire pas ainsi l’intention sur eux.
Les faons sont difficilement repérables car ils se confondent bien avec le milieu grâce à leur robe tachetée, ils restent absolument immobiles, n’émettent aucune odeur et se mettent en boule.
On pourrait facilement croire qu’ils sont abandonnés et qu’ils nécessitent des soins. Il n’en est rien, aussi il ne faut ni les toucher ni les prendre.
A l’âge de 5 ou 6 mois, le faon est sevré. A onze mois, vers le mois d’avril, lorsqu’ils atteignent leur taille adulte, ils sont chassés par leur mère, qui va bientôt mettre bas, et doivent partir à la recherche d’un territoire libre.
MUES
Pendant l’hiver, le chevreuil revêt, vers la mi-octobre, un long poil gris et dru.
Au printemps, il perd sa pelisse brutalement. Il adopte alors un pelage roux orangé. Au total, le chevreuil mue donc deux fois par an.
VIE QUOTIDIENNE
Il parcourt son territoire (ce territoire de 30 à 50 ha reste, en pratique, acquis pour la vie), n’effectuant que 3 à 4 km par jour un territoire qu’il marque en faisant des gratis sur le sol et des frottis sur les écorces et en laissant des odeurs grâce à ses glandes odoriférantes situées sous ses bois et entre les sabots, notamment.
Le chevreuil passe la moitié de sa vie à manger et à ruminer, soit 12 heures par jour. Il dort peu, 3 à 4 heures par jour, mais parfois d’un sommeil si profond que l’on pourrait le toucher sans l’éveiller.
PRÉDATEURS
Les principaux prédateurs du chevreuil sont les carnivores.
Dans le Queyras, le régime alimentaire du loup (une dizaine d’individus dans le Queyras) est constitué à 80 % par le chevreuil.
Le lynx, peu présent encore en France, et dont la présence à Ceillac reste à confirmer, est ausi un grand amateur de chevreuil. Il en est de même pour le chien errant, responsable de nombreux dégâts.
Pour finir, le renard peut s’attaquer aux faons ou aux chevrillards.
Un autre danger tue nombre d’individus, c’est la circulation automobile qui est responsable de la mort de 14.000 chevreuils par an en France.
Galerie (photos Pxb et Michel C.)