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Le Bouquetin

La Faune

Le bouquetin a failli disparaître de nos montagnes. Fort heureusement, une réserve a été créée, permettant sa sauvegarde, en 1856 en Italie. Depuis, il a été réintroduit un peu partout dans les Alpes et notamment dans le Queyras ainsi que dans le val Pellice, superbe vallée italienne contiguë au Haut Queyras ou encore dans la haute Ubaye.

A Ceillac même, s’il n’y a pas encore de population fixée, il peut, malgré tout, être rencontré de temps à autre, notamment durant la saison estivale. Aussi, était-il besoin de constituer un dossier sur cet animal, tâche à laquelle se sont attelés les enfants du cours moyen de l’école de Ceillac. Qu’ils en soient ici remerciés…

CARTE D’IDENTITÉ
nom latin : capra ibex
classement : vertébrés, mammifères, ongulés, bovidés, caprins
hauteur garrot : 70 cm (♀) à 90 cm (♂)
poids maximum : 50 kg (♀) à 40 kg (♂)
couleur : brun foncé (hiver) ; beige (été)
espérance de vie : 20 à 25 ans
portée : 1 à 2 petits/an
gestation : 170 jours
dentition : 42 dents
régime alimentaire : herbivore

Différence mâle~femelle

Le mâle (bouc) est bien plus trapu et massif que la femelle (étagne). La taille, le poids, la couleur diffèrent (voir tableau ci-dessus).

Le mâle arbore une barbiche et des cornes pouvant atteindre 1 mètre de longueur et peser 5 kg, tandis que la femelle, imberbe, ne possède que de petites cornes (30 cm au maximum) comparables à celles d’une chèvre.

Ces cornes, pourvues de nodosités pour le mâle, comportent des anneaux de croissance (à ne pas confondre avec les nodosités) permettant de déterminer l’âge de l’animal.

bouquetin mâle en robe d’hiver (photo MC)
bouquetin femelle (étagne) en fin de mue au printemps (photo MC)
HABITAT~RÉPARTITION

Les bouquetins vivent dans l’étage alpin (alpages, au-dessus de la forêt et de la zone de combat) jusqu’aux limites de l’étage nival. On les rencontre donc à une altitude variant entre 2400 et 3300 m.

Aujourd’hui, il est présent dans toutes les Alpes, dans une partie des Pyrénées, en Espagne et en Yougoslavie. Il est également visible en Afrique et en Asie (avec des variantes morpho-biologiques)

Il y a 100.000 ans, on le trouvait dans toute l’Europe, y compris en plaine durant les grandes glaciations (vestiges, peintures préhistoriques). Il a été chassé, presque décimé, l’apparition des armes à feu précipitant la quasi extinction de l’espèce.

En 1820, il ne restait que 100 animaux en Europe, puis heureusement une réserve a été créée en Italie en 1856, par le roi Victor-Emmanuel II. Cette réserve (qui deviendra le parc National du Grand Paradis en 1922) permettra la sauvegarde de l’espèce. En 2000, on dénombre 30.000 individus en Europe (3000 en France) contre 7000 en 1972.

Dans les Ecrins, l’animal est réintroduit en 1989 et 1990.

Dans le Queyras, le dernier bouquetin a été tué dans le massif du Viso au XIX ème siècle. En 1995 et en 1998, 26 bouquetins ont été réintroduits dans le Haut Queyras où ils se fixent.

Aujourd’hui, la population queyrassine est estimée à 60 individus qu’il faut bien distinguer des bouquetins vivant dans le val Pellice et qui, de temps à autre, font des incursions dans le Queyras, les 2 populations se mêlant parfois l’été.

A Ceillac, plusieurs observations ont été effectuées : au lac Sainte Anne, à la crête des Chambrettes ou vers la Cula… Il n’y a pas de colonie établie. S’il existait un projet de réintroduction sur la montagne d’Assan, celui-ci a été reporté, sine die, pour des problèmes de financement.

On notera que le bouquetin possède ses quartiers de vie suivant son activité ou suivant la saison, ce qui implique un espace vital important :

  • le quartier d’automne et d’hiver (souvent des versants à l’adret ou la nourriture est moins difficile à trouver)
  • le quartier de printemps (vallons où l’herbe printanière apparaît précocement)
  • le quartier d’été (rocher).
ALIMENTATION

Le bouquetin est herbivore et se nourrit, essentiellement, d’herbacées et de graminées.

photo MC

L’hiver, il se contente de ce qu’il trouve : herbes desséchées, lichens, mousses, jeunes pousses, rhododendron, genévrier… Cela ne suffit pas généralement à subvenir à ses besoins nutritifs et énergétiques malgré une toison très épaisse et de couleur sombre. Ses réserves de graisse sont donc mises à contribution ; une femelle peut perdre ainsi le tiers de son poids et le mâle la moitié.

Quand arrive le printemps, il peut descendre très bas afin de brouter la nouvelle herbe des prés, au grand dam des agriculteurs et au bonheur des photographes qui peuvent, en ces occasions, l’approcher facilement.

Il boit rarement utilisant plutôt la rosée ou la neige pour étancher sa soif.

Friand de sel, dont il a un besoin vital, il le récupère en léchant les salines naturelles.

photo MC

Le bouquetin est un ruminant, c’est à dire que l’herbe ingérée n’est pas mâchée immédiatement mais est stockée dans une poche, la panse. Lorsque arrive le moment de la pause, sur une pente ensoleillée le plus souvent, l’herbe est régurgitée puis mâchée et enfin avalée définitivement en direction du tube digestif.

REPRODUCTION

A la mi-novembre, commence la période du rut qui durera jusque fin janvier. Les mâles, la langue pendante et frétillante, la queue rabattue sur l’échine, les cornes en arrière passent d’un groupe de femelles à l’autre pour s’accoupler avec les étagnes, fécondes dès leur 2 ème année.

Il y a parfois des affrontements, peu dangereux mais bruyants, entre les vieux boucs qui se jettent l’un contre l’autre les cornes en avant. Les femelles peuvent n’accepter l’accouplement (souvent multiple) qu’après moult avances. Les jeunes mâles ne peuvent concourir ; ils laissent la place aux mâles dominants. S’ils sont mâtures à 18 mois (comme les femelles), dans la pratique ils auront peu de chances de saillir une femelle avant l’âge de 3 ans..

Les femelles mettent normalement au monde un petit par an (rarement des jumeaux) sauf s’il y a surpopulation, auquel cas le rythme descend à une naissance tous les 2 ans (autorégulation des naissances, rare dans le monde animal).

La gestation dure 170 jours environ pour une naissance intervenant au printemps jusque début juillet. Auparavant, le cabri de l’année précédente est rejeté par sa mère ; il devra donc désormais se débrouiller tout seul. Peu de temps après la mise bas, le petit se met debout ; il suit sa mère sans problème au bout de 48 heures. Il sera sevré après 2 à 3 mois d’allaitement. Le taux de survie pour les cabris est assez faible, de l’ordre de 50 % à un an.

Les cabris, les éterlous et les éterles (cabris > 1 an), comme les jeunes chamois, sont très joueurs : cabrioles, glissades, poursuites effrénées, acrobaties, escalades, joutes… (y compris sur des vires étroites !) ponctuent leur journée.

photo MC
COMPORTEMENT~VIE SOCIALE

Le bouquetin est un animal grégaire, vivant en harde le plus souvent. Les hardes, à la composition plus ou moins stable, rassemblent les femelles d’un côté, les mâles de l’autre. La période du rut est la seule occasion où les hardes se mixent.

L’emploi du temps du bouquetin est assez figé. Il commence sa journée une heure avant le lever du soleil. Il broute l’herbe jusqu’à 9/10 h. La panse pleine, il recherche un endroit de repos, à l’ombre ou au soleil (suivant le temps). Là, bien installé sur son flanc, il rumine tranquillement tout en s’occupant des nombreux parasites qui le démangent. Ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’il consent à se lever pour musarder à droite à gauche…

photo MC
PRÉDATEURS

L’aigle est le principal prédateur du bouquetin. Il s’attaque aux très jeunes cabris ou fait se dérocher les animaux plus âgés. Signalons également le loup qui peut éventuellement surprendre le bouquetin, notamment lorsqu’il est amené à quitter son territoire de prédilection (le rocher), au printemps, pour rechercher sa nourriture dans les pâturages.

Mais n’oublions pas les avalanches, les maladies (notamment les épizooties comme la kératoconjonctivite), contractées parfois au contact des troupeaux domestiques et… l’homme (braconnage…). Quant aux parasites, internes et externes, ils ne menacent pas, généralement, l’animal qui compose, bien malgré lui, avec.

Article écrit par Michel C.
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