Brush

L’Aigle Royal

La Faune
CARTE D’IDENTITÉ
nom latin : aquila chrysaetos
statut : protégé
poids : 3 à 6 kg
envergure : 2 m à 2,40 m
taille : 75 à 88 cm
longévité : 15 à 20 ans (40 en captivité)
régime : carinivore
territoire : 35 à 200 km²
vitesse : 150 à 200 km/h (piqué)
moeurs : solitaire ou en couple (à vie)
maturité sexuelle : 4 ou 5 ans
ponte : 1/an (1 à 2 oeufs)
incubation : 43 à 45 jours
séjour au nid des aiglons : 65 à 70 jours
IDENTIFICATION

l’allure générale est très évocatrice (voir profil).

De même, son vol, basé sur une utilisation des courants ascendants (thermiques et autres) et ne comportant donc que fort peu de coups d’ailes, est très symptomatique.

Le mâle est plus petit que la femelle. Il pèse de 3 à 4 kg et son envergure ne dépasse pas 2 mètres.

Son cri se rapproche plus de celui d’un banal passereau que de celui qu’on lui prête dans les films : cri de l’aigle royal.

HABITAT

Il est présent dans les montagnes d’Europe et d’Amérique du nord et fréquente également les forêts de l’Asie orientale. Plus répandu autrefois et présent en plaine, l’aigle n’occupe aujourd’hui que les zones les moins perturbées par l’homme.

En France, vivent environ 170 couples d’oiseaux vivant dans, ou à proximité, des parcs naturels (régionaux ou nationaux). Dans le Queyras, on en dénombre sept, schématiquement un par vallée (Arvieux, Château-Queyras, Abriès, Ristolas, St Véran, Ceillac et Vars-Val d’Escreins). Le territoire étant compris entre 70 et 120 km², il semble difficile que d’autres couples puissent s’y établir.

Le nid de l’aigle, l’aire, n’est utilisé que pour la couvaison et ne constitue, en aucun cas, « un foyer » dans lequel se réfugieraient ces rapaces.

ALIMENTATION
L’aigle se nourrit essentiellement de petits mammifères tels que la marmotte (son plat de prédilection dans le Queyras), le lièvre variable, le jeune renard, le jeune chamois…

Il peut également manger des oiseaux, lagopèdes par exemple, ou des reptiles, lézards ou serpents. Ses proies ne dépassent pas 6 à 7 kg.

Les gros animaux sont généralement consommés à l’état de charognes et sont le plus souvent des animaux, chamois, bouquetin ou autre, ayant déroché ou atteints de maladie …

Il est rare que l’aigle ne s’attaque à un chamois ou à un mouton adulte ; s’il est amené à le faire, il essaiera de tuer sa proie en la faisant dérocher…

L’hiver, en période de disette, l’aigle devient souvent charognard ou peut s’attaquer, par exemple, à un chat isolé.

Les besoins alimentaires d’un aigle adulte sont de l’ordre de 230 grammes par jour, soit environ 100 kg par an (1 % du potentiel alimentaire de son territoire).

CHASSE

Doté d’une excellente vision (voir le volume des yeux par rapport au crâne), huit fois supérieure à celle de l’homme, l’aigle est capable de repérer une marmotte à plus d’un kilomètre.

Il chasse généralement à l’étage alpin, jusqu’à l’étage nival, à 3000 m dans un secteur situé au-dessus de son aire.

Il commence par monter assez haut puis glisse sans bruit, en un vol plané, le long des prairies, des crêtes, des parois rocheuses, épouse le terrain afin de surprendre telle marmotte, par trop distraite, n’ayant pas réagi assez vite à l’alerte donnée par ses congénères (un coup de sifflet, unique en général).

Il fond sur ses proies en se laissant tomber (piqué) dans un fort bruit de soufflerie qui le dessert et provoque souvent l’échec de l’attaque.

REPRODUCTION

La construction de l’aire a lieu en février-mars, en pleine paroi rocheuse et abritée généralement d’un surplomb protégeant de la pluie et du soleil. L’aire est constituée d’un amas de branchages entrecroisés.

Au fil des années, les aires peuvent devenir imposantes et atteindre plusieurs mètres de hauteur avec une circonférence atteignant 2 à 3 mètres.

Un couple d’aigle bâtit plusieurs aires, ainsi dans la vallée de Ceillac, sept ont été répertoriées. En général, elles sont construites à l’étage subalpin, entre 1500 et 2200 m, en tout état de cause à une altitude plus basse que celle du territoire de chasse, l’aigle ne pouvant s’élever avec une proie de plusieurs kilogrammes. On peut repérer les aires occupées par les traces de fientes qui maculent la paroi rocheuse en aval.

L’accouplement se déroule au sol après la pariade (parade nuptiale). Cette parade consiste en une suite de jeux aériens au cours desquels les oiseaux rivalisent de prouesses, se livrant à mille pirouettes, volant sur le dos, se laissant tomber en piqué…

Ces joutes aériennes ont lieu au début de l’hiver.

La femelle pond, en mars-avril, un à deux œufs blancs, plus ou moins tachetés de brun qui sont couvés une quarantaine de jours. Le mâle relaie de temps à l’autre la femelle afin qu’elle puisse se nourrir.

Relais pour la couvaison de l’œuf unique ou des 2 œufs (photo Michel C.)
Relais lors de la couvaison (video MC)
Aiglon âgé de deux semaines (photo Michel C.)

Rarement, deux aiglons arrivent à maturité. Généralement, le premier né, plus robuste, accapare la nourriture et le second, sous-alimenté, s’affaiblit et meurt. Ce dernier peut être également malmené par son aîné avec des coups de bec voire être passé par dessus bord (caïnisme). Les deux aiglons peuvent survivre lorsque le premier est un mâle et le second une femelle (plus grosse) ; dans le cas contraire, l’aiglon femelle tue souvent, sans scrupule aucun, l’aiglon mâle…

Aiglon âgé de 3 semaines battant des ailes (vidéo Michel C.)
Aiglon âgé de 6 semaines (photo Michel C.)
Aiglon âgé de 8 semaines (photo Michel C.)
Dépose d’une marmotte par un adulte (video MC)
Sur une autre aire en 2019, aiglon peu de temps avant l’envol (video MC)

La croissance jusqu’à l’envol dure presque 3 mois… Au bout de 5 semaines, l’aiglon commence à perdre son duvet qui disparaîtra complètement au bout de 2 mois. Les 2 dernières semaines, il bat ardemment des ailes au bord du nid pour renforcer ses muscles alaires. Puis, c’est le premier envol, vers la fin juillet ; il est alors âgé de 80 jours et a une envergure atteignant au moins 1,90 m…

Au cours des mois d’août et de septembre, les jeunes aigles chasseront en compagnie des adultes et feront leur apprentissage. A l’approche de l’hiver, la nourriture se faisant plus rare et le territoire se révélant insuffisant, ils sont chassés par les adultes. Commence, alors, une période d’errance, à la recherche d’un territoire, une période difficile car les jeunes sont encore des chasseurs inexpérimentés.

On les reconnaît à leur taches blanches, en demi lune, présentes sous les ailes et sous la queue. Ces taches disparaîtront graduellement jusqu’à la maturité sexuelle, à l’âge de 5 ans.

A cet âge, lorsqu’ils sont des adultes accomplis, ils se fixent sur un territoire qu’ils ne quitteront plus de leur vie durant, cherchent une compagne ou un compagnon pour former un couple fidèle à vie.

PRÉDATEURS

Certes, le grand corbeau pille parfois l’aire de l’aigle et n’hésite pas à le harceler en vol, tout comme les chocards (bien souvent appelés à tort « choucas ») et autres craves ou faucons.

Mais, le seul ennemi avéré de l’aigle est l’homme. Comme tous les rapaces, diurnes ou nocturnes, il est quelquefois la cible de chasseurs peu scrupuleux.

Les collectionneurs d’œufs, les pesticides (DDT aujourd’hui interdit, diedrine…), certains chasseurs photographes ont causé et causent encore beaucoup de tort à l’espèce. Il faut aussi relever le danger mortel que représentent les câbles divers mis en place par l’homme qu’il s’agisse de câbles électriques, téléphoniques… le pire en montagne étant les câbles de remontées mécaniques.

Article écrit par Michel C.
Brush