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La Marmotte

La Faune

S’il est un animal emblématique des alpages, c’est bien la marmotte qui, de par son aspect débonnaire, jouit d’une popularité sans pareille.

Comme tout animal sauvage, la marmotte ne se laisse pas facilement approcher. Cependant, dans les parcs nationaux notamment, ce n’est pas toujours le cas et il n’est pas rare de voir une marmotte s’approcher des visiteurs allant quelquefois jusqu’à libérer le passage qu’après avoir reçu quelque pitance…

(photo PB)

CARTE D’IDENTITÉ

nom latin : marmotta marmotta
ordre : mammifères
poids : 6 à 7 kg (fin de l’été)
dentition : 22 dents (pas de canines)
taille : 50 à 60 cm
longévité : 15 à 18 ans
doigts : 8 à l’avant, 10 à l’arrière
sens : 5
moeurs : vie en famille
gestation : 35 jours
portée : 2 à 6 marmottons
maturité sexuelle : 3/4 ans
hibernation : 6 mois environ

HABITAT

Présente en plaine avant les grandes glaciations (fossiles retrouvés en Normandie, dans le Bassin Parisien et en Lorraine) , la marmotte, aujourd’hui, s’est définitivement installée en montagne. C’est la présence de l’homme qui a provoqué cette restriction géographique.

Il faut distinguer la marmotte des Alpes, la marmotte des steppes (Europe de l’est), la marmotte à longue queue (Inde, Amérique du Nord). Les différences physiques sont assez peu importantes.

Elle a été réintroduite dans les Pyrénées, le Massif Central, le Vercors et la Chartreuse avec succès. Dans le Queyras, c’est évidemment la marmotte des Alpes que l’on rencontre, en assez grand nombre, à des altitudes variant entre 1200 m et 2700 m, dans les alpages le plus souvent.

(photo MC)

ALIMENTATION

La marmotte est exclusivement herbivore.

Sa dentition est caractéristique avec 4 incisives séparées des 18 molaires par une zone sans dents appelée barre (comme pour le chamois, le chevreuil …). Signalons que les incisives sont à croissance continue et que leur forme en biseau est simplement dû au fait que la face arrière de la dent étant dépourvue d’émail, celle-ci s’use plus vite.

Elle mange donc de l’herbe mais aussi, de temps à autre, des écorces, des baies, de jeunes pousses de mélèze voire des insectes ou des escargots.

Elle ingurgite 400 grammes de nourriture par jour soit, au total, 70 kg pendant ses 6 mois d’activité. Cette boulimie lui permet de constituer des réserves de graisse, indispensables si elle veut survivre à l’hiver.

La marmotte ne boit pas. Elle mange donc plutôt le matin et le soir afin de récupérer la rosée qui perle sur les plantes.

(photo PB)

Attention !

Nourrir les marmottes avec de la nourriture autre que de l’herbe est contre nature et les marmottes en payent un jour ou l’autre le prix…

Même si vous êtes sollicité par une marmotte, ne lui donnez pas de biscuit ou autre douceur sucrée ou salée. La marmotte est herbivore et la graisse qu’elle stocke à partir des nourritures offertes par les hommes (souvent des « cochonneries » : barre chocolatée, chips, barre coupe-faim, biscuits apéritifs salés….) n’est pas adaptée à l’hibernation. C’est ainsi qu’un certain nombre de marmottes ne répondent plus à l’appel au printemps. En témoignent les marmottes de Montdauphin, qui reçoivent beaucoup de visiteurs, et souffrent d’obésité, de rhumatismes, de problèmes respiratoires, de pelades… Leur population a diminué de moitié en 10 ans.

En résumé, citons Sciences et Avenir qui a évoqué le problème : « La marmotte est un animal sauvage pas du tout adapté au fast-food… »

sculpture JD Lefèvre

REPRODUCTION

15 jours après le réveil, l’accouplement a lieu, dans le terrier.

La gestation dure 5 semaines environ. Les marmottons, qui naissent, sans poils et aveugles, sont allaités durant 8 semaines, jusque fin juillet en général. Ils sont adultes quand ils atteignent l’âge de 3/4 ans. Cette maturité relativement tardive (lenteur due aux hibernations successives) explique la taille des familles qui comptent souvent 10 individus.

Comme souvent, il est plus facile d’approcher les marmottons que les adultes, surtout quand ils se livrent à des joutes ou autres pugilats.

L’HIVER

Durant 6 longs mois, de fin octobre à fin avril en général (durée variable suivant la localisation du terrier), la marmotte hiberne. Dès le début du mois d’octobre, la température baissant, la durée du jour se réduisant, les activités sont limitées.

Avant d’hiberner, la marmotte se purge avec des herbes pour vider son intestin et le débarrasser des parasites. Elle se confectionne un matelas d’herbes sèches sur lequel elle se roulera en boule, afin de limiter les pertes caloriques. L’isolation du terrier est assurée, d’abord, par le manteau neigeux aux propriétés isolantes excellentes et par la mise en place d’un bouchon fait de terre et d’herbes, parfois long d’un mètre cinquante, à l’entrée du terrier. Cette isolation permet de conserver un minimum de 4 °c dans le terrier, température en deçà de laquelle la marmotte ne peut survivre. On comprendra qu’une année faiblement neigeuse ou sans neige peut mettre en péril la survie de la marmotte, et plus généralement de tous les animaux qui hibernent sous terre comme les serpents.

Le cœur passe de 160 à 45 pulsations par minute, la température de 36 °c à 4 °c, la fréquence ventilatoire de 15/20 à 3/4 insufflations par minute.

Ce sont ses réserves de graisse, constituées durant tout l’été, qui lui permettront de survivre à la saison froide. La perte de poids atteint en général 3 kg, soit en moyenne la moitié du poids de l’animal.

Tous les 15/20 jours environ, la marmotte se réveille et va uriner dans une galerie annexe dédiée.

Sur les versants ubac, les marmottes sont bien souvent obligées de creuser un tunnel au printemps. (photo MC)

PRÉDATEURS

Si autrefois, l’homme l’a chassée pour sa viande, sa graisse et sa peau, c’est surtout l’aigle qui, aujourd’hui, est son plus grand prédateur. Les marmottes représentent, en effet, jusqu’à 90% des proies capturées par ce rapace.

Le renard et le chien errant sont également friands de marmottes. Les outils de défense dont dispose la marmotte pour échapper à ses prédateurs sont avant tout sa vue qui, si elle n’est pas excellente, a au moins l’extrême avantage de couvrir un champ de 300 ° (160 ° chez l’homme), il est donc très difficile de la surprendre. Son odorat, de même que son ouïe, sont très performants et complètent ses armes.

Il n’y a pas de guetteur/vigie attitré dans le groupe. Chacun vaque à ses occupations en se préoccupant de ce qui se passe autour, en adoptant la position en chandelle, si caractéristique, si besoin est. A la moindre alerte, la marmotte siffle à plusieurs reprises. S’il n’y a qu’un coup de sifflet (long en général), c’est que, le plus souvent, il s’agit d’un aigle. Il faut alors fuir au plus vite et rentrer dans le terrier le plus proche.

Aigle royal dépeçant une marmotte pour nourrir son aiglon
Article écrit par Michel C.
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