SONDAGE DU LAC SAINTE-ANNE

Les randonneurs qui se rendaient au lac Sainte-Anne aujourd’hui ont pu être pour le moins surpris de voir qu’un bateau pneumatique voguait au milieu du lac qui était encore gelé il y a seulement 3 semaines.

Lac Sainte-Anne au 1er juin.
Le géologue a su s’entourer de volontaires enthousiastes pour l’aider dans la logistique. Merci à Olivier, Julien, Jean-Claude et Michel.

Il s’agissait en fait d’Emmanuel Chapron, sédimentologue de l’université de Toulouse (laboratoire Géode) qui, à l’aide d’un sondeur acoustique (sonar), avait pour objectif d’évaluer la profondeur du lac et la hauteur des sédiments accumulés depuis sa naissance et de vérifier ainsi les données apparaissant sur la coupe ci-dessous retrouvée dans les archives de l’école de Ceillac.

La cartographie acoustique réalisée permet de confirmer la profondeur maximale du lac qui s’établit à 23,12 m. Les données recueillies soulignent également une morphologie irrégulière avec la présence de 2 principaux bassins. A noter, le recueil d’un écho énigmatique conséquent à -8 m dans l’eau et à 2 m au-dessus du fond du lac. Cet écho pourrait suggérer la présence d’une certaine forme de vie dans le lac qui reste à préciser. Une source subaquatique a par ailleurs été détectée par 20 m de fond comme l’indique la coupe acoustique ci-dessous.

Illustration et premières interprétations des mesures à l’echosondeur de haute fréquence à gauche et au sondeur de sédiment à droite collectées ce jour au fond du lac de Sainte-Anne.

De par son altitude (2400 m), sa grande profondeur et son faible remplissage sédimentaire (environ 2 m), tout porte à penser que le lac Sainte-Anne est jeune. Bien plus que le lac Miroir (2200 m), presque comblé par 8 m de sédiments sous 6 m d’eau selon l’étude pilotée par le professeur Carcaillet il y a quelques années. 

Il restera à effectuer des carottages des sédiments lors d’une phase II afin de déterminer l’âge précis du lac par des datations au carbone 14 ou par la recherche de traces de pollution atmosphériques historiques (présence de radionucléides naturels et artificielles), ces sédiments constituant de précieuses archives environnementales.

Notons, que la seule étude de terrain existante, publiée dans la revue de géographie alpine remonte à 1983 et fut réalisée par la géomorphologue Michèle Evin d’après des photographies aériennes (1948 et 1971). Ses recherches se sont focalisées sur l’état des glaciers rocheux qui confèrent au lac Sainte-Anne un caractère peu commun, lequel caractère est encore assez peu documenté aujourd’hui.

Emmanuel Chapron tient à remercier la commune de Ceillac qui a facilité cette exploration.

Article écrit par Michel C.
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