Disparition de Christian Laurens
Maire de Ristolas, durant 20 ans, longtemps président de la Communauté de Communes du Queyras, président du Pays du Grand Briançonnais, président de la Régie des remontées mécaniques du Queyras, de l’office du tourisme et vice-président du parc régional du Queyras, Christian Laurens, mort le 23 septembre 2024 des suites d’une longue maladie à l’âge de 70 ans, aura eu une vie publique intense.
Ses obsèques ont eu lieu mardi 1er octobre en présence de nombreuses personnalités dont l’hommage a été unanime envers celui qui s’est donné sans compter pour le devenir du Queyras.
En cette occasion, Christian Grossan, ancien maire de Ceillac, lui a adressé cette lettre :
Christian,
Babeth m’a fait l’amitié de souhaiter que j’évoque ce soir, ici, le compatriote, le collègue et l’ami.
C’est un moment émouvant pour moi et pour nous tous réunis nombreux autour de ta famille, dans cette église de la Monta où vous vous êtes mariés il y a 51 ans, le 1er septembre 1973.
J’ai fait ta connaissance il y a plus de 20 ans quand tu as fait le choix de t’installer avec Babeth à l’Échalp, le berceau de tes ancêtres où, dès l’âge de 2 ans tu passais tes vacances chez tes grands-parents. Tu disais être né par erreur à Marseille, où vos talents d’architectes se sont exprimés dans de nombreuses réalisations, notamment dans le domaine des établissements de santé.
Dans les Hautes-Alpes, votre agence s’investit dans de nombreux projets, tant dans le privé que dans les équipements publics. Tu réaliseras la première chaufferie bois de notre territoire.
Cet attachement viscéral au Queyras que tu avais connu à l’occasion des vacances et parcouru pendant les journées de chasse va te conduire à t’impliquer très vite dans la vie publique locale.
Tu as foi en l’avenir de ce territoire et les valeurs du travail, de la solidarité, du bien commun sont les tiennes.
En 1999, tu es élu maire de Ristolas puis président de la communauté de communes « L’escarton du Queyras ». Très vite confronté aux difficultés que rencontrent les domaines skiables du Queyras, tu entreprends en qualité de président de la Régie avec Alain FOURNY et Alain BAYROU l’élaboration d’un programme ambitieux de restructuration du réseau des remontées mécaniques et d’enneigement. Il sera mis en œuvre à partir de 2005 sous l’égide de Jean-Claude CATALA qui préside alors le syndicat mixte réunissant les communes de l’Escarton et le Département.
Tu engages parallèlement l’aménagement de l’immeuble du Bourbonnais à Aiguilles pour que l’équipe technique renforcée puisse faire face aux compétences accrues de la communauté de communes et qu’elle y soit installée dans de meilleures conditions et qu’y soit également accueilli l’Office de Promotion du Tourisme du Queyras. Le traitement des ordures ménagères, la collecte sélective, les stations d’épuration, l’exercice de la compétence ski de fond celle des centres de secours, des agences postales, des navettes inter stations autant de grands chantiers qu’il faut mener de front.
A Ristolas, le parc régional réalise « L’arche des cimes », maison de la faune sauvage et de la nature, tu fais de L’Ogival une salle des fêtes originale et fonctionnelle alors que la commune doit se relever des dommages causés par les crues exceptionnelles et répétées du Guil. Avec persévérance, tu mènes à son terme le projet de la Réserve nationale Ristolas-Mont-Viso
A Ville-Vieille, une maison résolument moderne et fonctionnelle est construite pour héberger l’établissement public « Office de Tourisme du Queyras » dont tu es alors le président.
Tu es proche de la nature et très attaché à la préservation du patrimoine bâti et des paysages mais, à mes côtés au parc régional, tu supportes mal les précautions écologiques tatillonnes et les contraintes à ton sens excessives qui retardent ou compliquent nombre d’interventions. C’est pourtant à Ristolas et à ton initiative que seront protégés les premiers ilots d’arbres sénescents dans la forêt de Pré Roussin.
Tu participes régulièrement aux travaux du pays du Grand Briançonnais qui deviendra le pôle d’équilibre territorial local dont tu seras un temps le président. Tu t’investis dans la coopération transfrontalière avec nos amis et voisins italiens.
Tu es omniprésent et hyperactif et quelquefois très directif. Ton humour est parfois décapant !
Mi-critiques, mi-admiratifs, d’aucuns t’ont surnommé le « Napoléon du Queyras » !
Tu aimes que les choses avancent vite et tu sais te montrer impatient quand les discussions sont par trop « oiseuses ». Tu peux être cassant quand il faut trancher. Dans les réunions, ton objectif c’est de parvenir aux décisions préalablement préparées en bureau.
Les bavardages t’insupportent. Alors quand tes doigts ne sont pas occupés à triturer ta moustache, tu tapotes avec ton crayon sur la table pour montrer ton agacement.
Exigeant avec tes collaborateurs comme tu l’es avec toi-même, il t’arrive de les houspiller. Si les propos sont quelquefois caustiques, ils sont toujours respectueux et derrière ton regard noir, Stéphanie et ses collègues savent que tu es un homme bon.
La fin de tes derniers mandats comme maire et comme président de l’Escarton sera consacrée à deux grands chantiers dans lesquels tu t’investiras totalement : la fusion des communes d’Abriès et de Ristolas avec Jacques BONNARDEL, un ami d’enfance et celle des communautés de communes du Guillestrois et du Queyras avec Max BREMOND, ton partenaire loyal devenu ton ami.
Nous avons souvent évoqué ensemble et rêvé d’une grande commune du Queyras….
C’est sans doute à l’image des fins de parties de chasse au chamois à Ristolas que tu aimais conclure nos réunions par un moment convivial et amical. Et comment, en cet instant, ne pas évoquer nos grands rassemblements festifs pour le second « Retour en Queyras », pour les fêtes du jumelage avec nos amis allemands, en Queyras et à WORMBERG.
Je garde précieusement le souvenir de nos repas amicaux à la Cascade ou au Goustaroun ou encore chez Jacques ou au Chalet de Max. et je regrette que nous n’ayons pas pu réaliser notre projet de visiter ensemble avec Babeth et Sylvie l’abbaye de Conques et le Musée Soulages de Rodez, dont tu étais un admirateur convaincu, cet artiste dont tu appréciais tant les « outre noir ». Le temps nous a manqué….
Christian, tu as beaucoup aimé le Queyras et tu l’as servi avec passion, dévouement et efficacité pendant plus de 20 ans. Le Queyras te doit beaucoup. Nous ne l’oublierons pas.
En m’inclinant devant la douleur de Babeth qui t’a entouré de ses soins affectueux pendant ce long combat que tu as mené avec courage et lucidité contre la maladie, de tes enfants et petits-enfants, de tes proches que j’assure de ma profonde sympathie, je te garde, au-delà de la mort toute mon affectueuse amitié.